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| Le Manda (Fort) de Foulpointe est érigé par Radama Ier, avec l’aide des Anglais. C’est l’un des sites attrayants de la ville. |
Né à Lyon le 4 novembre 1743, mort à Paris en mai 1823, le baron Daniel Lescallier entre, tout jeune, dans l'administration française de la Marine. Il occupe de nombreux postes dans les colonies françaises d'Amérique, comme en Guyane, avant d'être adjoint au Comité de marine de l'Assemblée nationale constituante, début 1790, puis nommé, en 1791 et 1792, comme l'un des quatre commissaires civils pour les établissements français situés au-delà du Cap de Bonne-Espérance.
Parti de Lorient pour l'Ile de France (Maurice) en mars 1792, il arrive dans l'océan Indien à une date imprécise. C'est à cette époque qu'il doit s'occuper de Madagascar. À son retour en France, il rédige une notice autobiographique intitulée « Annales maritimes et colonisations » (1822) et publiée à sa mort,.
Il y relate en substance: « Je partis au milieu de l'année 1792 pour l'ile de Madagascar. Et dans ce vaste pays, j'ai fait une convention solide et avantageux avec le roi d'une vaste étendue de l’ile pour l'établissement et le séjour des Français qui y viendraient commercer, posséder des terres ou voyager, et pour les rapports utiles avec les iles françaises et avec la Métropole. Si tout cela est resté sans effet, ainsi que bien d'autres choses, par suite des variations dans le gouvernement- des fréquents changements de ministres et de leurs agents- et par d'autres causes encore, un moment viendra peut-être où mes efforts seront mis à profit. »
Effectivement après quelques semaines de séjour à l'Ile de France, Lescallier vient à Madagascar, le 17 aout 1792, et arrive à Foulpointe, le 21 du même mois. Il y séjourne jusqu'au 28, date de son départ pour les Seychelles. Dès le soir de son arrivée à Foulpointe, Lescallier a un entretien avec le ministre du roi Zakavola et, le lendemain, avec le souverain lui-même. C'est au cours de cet entretien qu'est conclue « la convention solide et avantageuse ». Les négociations étant menées rondement, Lescallier a des loisirs du fait de la nécessité de compléter les rafraîchissements de son navire, avant le long voyage vers l'Inde. Il peut ainsi visiter les environs de Foulpointe, au cours de trois excursions à l'intérieur des terres.
À son retour en France, il écrit ses « Annales » et, le 4 septembre 1801, les lit devant la classe des sciences morales et politiques de l'Institut de France. D'emblée, il souligne « l'une des erreurs de la monarchie française » qui est de traiter « avec insouciance ou sans constance, comme sans principes, les projets relatifs à la grande et belle isle de Madagascar », dont la situation est très avantageuse et « dont on aurait pu tirer un grand parti ».
Il la présente comme offrant de vastes et beaux terrains, des substances abondantes, des forêts et des bois de construction, diverses productions naturelles très précieuses, une population nombreuse, bonne et industrieuse, « parmi laquelle on formerait aisément des ouvriers, des cultivateurs, des soldats et des matelots ». Mais, ajoute-t-il, les Européens n'ont jamais visité ces contrées lointaines que « pour en maltraiter les indigènes, pour exiger d'eux des corvées ou des services forcés », pour les exciter à se faire la guerre afin d'acheter les prisonniers comme esclaves. « Pour laisser, en un mot, des traces de leur cupidité dans tous les pays qu'ils ont fréquentés ! »
Entretemps, poursuit-il, le gouvernement français tente, à de grands intervalles, d'installer quelques établissements. Mais les promoteurs se préoccupent plus du gain et de l'intérêt des Européens que du bien-être des indigènes.
« Quelques-uns des délégués du ministère ont même été les aventuriers malhonnêtes qui ont commis dans le pays mille atrocités. » Aussi précise Lescallier, n'est-il pas étonnant si les peuples éprouvent du ressentiment envers les Français, « peuples qui sont naturellement les plus doux et les plus sociables de la terre ». Lescallier cite son propre exemple en évoquant son arrivée « en ami » à Foulpointe. Le roi Zakavola arbore sur sa case le pavillon français. Pour expliquer la présence du drapeau, le roi déclare que ses ancêtres, Ratsimilaho, fondateur de la dynastie, Zanahary et Hiavy, ses descendants, sont restés attachés à la France.
Lors d'une seconde séance de travail, sont « stipulés les intérêts et les droits respectifs des deux nations et dont le résultat fut un règlement que j'arrêtai, du consentement général pour le gouvernement futur et la tranquillité du pays». Pour conclure l'arrangement, les deux partis
prêtent serment en respectant le rituel betsimisaraka, excepté le serment du sang. Cela se termine par un Kabary qui souligne les droits des Français et le devoir des Betsimisaraka à leur égard.
Pela Ravalitera