TRANSITION ÉNERGÉTIQUE - Le salut vient des charbons écologiques

La plupart des ménages utilisent encore du charbon ou du bois de chauffe pour la cuisson. Le gouvernement malgache ambitionne de réduire de moitié cette pratique.

Lors d’un atelier consacré à la validation de la Lettre de Politique Nationale de la Cuisson propre à Anosy.

Environ 95 % des ménages malgaches utilisent encore le bois de chauffe et le charbon pour la cuisson des aliments, selon un rapport de la Banque mondiale. Une dépendance qui a de lourdes répercussions sur la santé publique et accélère la dégradation de l’environnement. Face à ce constat, les partenaires techniques et financiers de Madagascar intensifient leurs actions pour promouvoir une énergie propre, durable et accessible à tous.


C’est dans ce cadre qu’un atelier consacré à la présentation et à la validation de la politique nationale de transition vers la cuisson à base d’énergies propres pour la période 2025–2035 s’est tenu jeudi à Anosy. Cette politique vise à renforcer l’adoption des énergies propres, un enjeu clé pour le développement durable du pays, confronté à d’importants défis dans le domaine des énergies renouvelables.


Solutions alternatives

Pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ce travail s’inscrit pleinement dans son mandat, qui vise à accompagner les États dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques intégrées et alignées sur les Objectifs de développement durable. La cuisson propre contribue directement à l’objectif de développement durable n° 7, relatif à l’accès universel aux services énergétiques modernes, durables et abordables, mais aussi à ceux relatifs à la santé, à l’égalité des sexes, à l’action climatique et à la préservation des écosystèmes terrestres.

« Chaque année, près de 200 000 hectares de forêts disparaissent à cause de l’utilisation massive des énergies traditionnelles pour la cuisson. Pourtant, des alternatives existent déjà, telles que l’éthanol, les briquettes, le charbon écologique, le gaz, les cuisinières électriques et solaires», souligne Kenny Marco Louis Fidiarison, directeur de la bioénergie au sein du ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures.
Au-delà de la déforestation, l’usage du bois de chauffe entraîne de graves conséquences humaines et économiques. 

Les fumées toxiques sont à l’origine de nombreux décès chaque année, tandis que les populations rurales doivent parcourir des distances toujours plus longues pour s’approvisionner en bois, ce qui freine les activités économiques locales et accentue la pression sur les forêts.

Dans cette dynamique, le gouvernement malgache ambitionne de réduire de 
50 % l’utilisation du charbon de bois d’ici 2030, selon le secrétaire général du ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures, Adolphe Rakotonandrasana. Cet objectif repose sur un changement progressif des comportements, soutenu par des actions de sensibilisation et d’éducation.

Les autorités entendent également soutenir les solutions déjà existantes en renforçant les filières locales. Toutefois, un défi de taille subsiste : la majorité des producteurs de solutions alternatives évoluent encore dans l’informel, malgré leur rôle central dans la transition énergétique.

À court terme, des discussions sont prévues avec les producteurs de briquettes afin de réduire les coûts de production et de rendre ces alternatives plus accessibles à la population. Cette transition devrait générer des bénéfices multiples, allant de la protection de l’environnement à la création d’emplois, notamment pour les jeunes.

Les autorités rappellent que l’utilisation du charbon et du bois de chauffe demeure particulièrement dangereuse pour la santé, en particulier celle des femmes et des enfants. Les fumées dégagées endommagent l’appareil respiratoire et contribuent à une réduction de l’espérance de vie.

Mialisoa Ida

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