Tire-bouchon

Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas. La circulation devient de plus en plus compliquée à n’importe quelle heure de la journée. Les centres commerciaux sont assaillis par les clients conformément à la définition de la richesse par un haut responsable. 

 Les rues sont devenues un véritable enfer que ce soit à Anosizato, à la rocade Iarivo, à Analamahitsy, à Itaosy, à Ankadimbahoaka, à Andavamamba, à Ambanidia, au By-pass....

 Les agents de circulation ont beau varier les solutions en bloquant alternativement les deux axes de la rue, cela ne fait que rallonger l’attente. Mais il est clair que l’octroi d’un libre arbitre aux usagers finit toujours par un blocage total de la circulation, étant donné que ceux qui sont censés être disciplinés à en juger leurs belles caisses, sont souvent ceux qui marchent sur le code de la route. 

 Quand on rajoute les motards, dont les deux tiers n’ont jamais lu le code de la route et ignorent ce qu’est la règle de la priorité, on pense que finalement le téléphérique et le train urbain ne sont  pas de mauvaises idées. Surtout en période de pluies où seul l’espace échappe à l’inondation et aux bouchons quotidiens et inextricables.

 L’état de certaines rues de la capitale conforte les difficultés de la circulation, mais il ne faut pas espérer une réhabilitation rapide avant les prochaines élections, seuls motifs des travaux de remise en état.

 Les ingrédients sont tous réunis pour faire de la capitale un véritable capharnaüm. De nouvelles rues ont été construites mais elles sont vites dépassées par le nombre d’usagers, en particulier les deux-roues. Et on se demande si cet enfer qui se profile à l’horizon pourrait être évité. Les concessionnaires de motos pullulent à une vitesse exponentielle à l’image des cybercafés et des quincailleries. Et l’augmentation du nombre de motos en circulation et l’ampleur des embouteillages sont deux grandeurs directement proportionnelles. Tout le monde pense qu’un deux-roues peut éviter les affres des bouchons. En même temps, le secteur des motos taxis s’est prospéré à cause du chômage et grâce aux étranglements du trafic. Penser limiter l’importation des motos et des tuk-tuks relève d’une utopie vue l’enjeu financier du secteur avec les taxes douanières rapportées dans la caisse de l’État, la consommation de carburant...Et puis, ce serait une mesure inimaginable dans un marché libéral.

À l’heure actuelle, on n’est pas loin des circulations dans certaines villes indiennes, chinoises, pakistanaises où les motos font la loi et où chacun a son propre code de la route. Et comme les projets de fly-over ont disparu avec le précèdent régime et que les ronds-points restent plus grands que la chaussée, l’horizon semble également bouché.

On est donc loin d’être sorti de l’auberge. On espère que la magie de Noël va régler tous les problèmes et que le Père Noël n’oubliera pas dans sa hotte un tire-bouchon pour sauver ce qui peut encore l’être dans une ville où l’anarchie est devenue la première marque de civilité.

Sylvain Ranjlahy

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