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| Des dentistes en plein soin dentaire, lors de la caravane médicale de février 2023. |
Des pratiques dangereuses. La pose de prothèses dentaires peut s’avérer très risquée lorsqu’elle est réalisée par des personnes non qualifiées. Xavier, un septuagénaire, en fait l’amère expérience. Il ne peut plus porter de prothèse. «Mes gencives se sont infectées après la pose d’une prothèse sur ma mâchoire supérieure. Elles sont gonflées et douloureuses », a-t-il expliqué hier.
Selon des spécialistes, de nombreux patients présentent des complications suite à des prothèses réalisées par des non-professionnels. «J’ai déjà constaté des infections liées à la pose de prothèses qui n’étaient pas réalisées dans les règles de l’art», confie un chirurgien-dentiste. Des prothésistes charlatans poseraient des prothèses sur des racines dentaires malades. Ils utiliseraient des produits inadaptés ou nocifs. Des patients souffrent même de fractures de la mâchoire inférieure suite à l’intervention des charlatans. Certains vont au-delà de leur rôle. Alors que leur mission se limite à la fabrication de prothèses en laboratoire, ils s’autorisent à remplacer le dentiste, allant jusqu’à extraire des dents.
Convocation
«Dans certains cas, la couronne a été extraite mais la racine est restée dans la gencive », dénonce le Dr Daniel Rabemananjara, président de l’Ordre national des odonto-stomatologistes de Madagascar.
L’Ordre rappelle que le prothésiste dentaire est un spécialiste de la fabrication de prothèses, travaillant en laboratoire sur prescription d’un dentiste. Il n’est pas autorisé à poser les prothèses en bouche ni à effectuer des actes médicaux réservés aux dentistes. Pourtant, certains ne respectent pas ces règles.
De leur côté, certains prothésistes estiment que l’Ordre freine leur liberté d’exercice, arguant que leur savoir-faire leur a été transmis par leurs aïeuls. Ils ont manifesté à Analakely, mardi, suite à la convocation de deux membres de l’association des prothésistes. «Nous ne nous opposons pas à l’exercice de la profession, mais toute activité sans formation reconnue, toute intervention directe dans la cavité buccale ou l’utilisation de matériaux non conformes constitue une pratique illégale mettant en danger la santé publique. Nous les appelons à se régulariser afin de respecter la loi et de promouvoir des pratiques sûres. La santé publique demeure notre priorité», répond l’Ordre. Des prothésistes, une trentaine, auraient déjà accepté de se régulariser.
Miangaly Ralitera
