Nous sommes dans la période où, paradoxalement, le matérialisme et le consumérisme atteignent leur comble dans un contexte qui est pourtant parmi ceux qui sollicitent la spiritualité. On est ainsi dans cet environnement gouverné par l’esprit de Noël qui est, comme tous les ans, transfiguré par les différents parasites qu’apportent les souffles, plus intenses que d’habitude, de l’appel des richesses du monde.
Depuis longtemps, cette dernière ligne droite de l’année a cette même physionomie que celle qu’elle présente dans les films comme Le Grinch (R. Howard, 2000), qui présente une ville métamorphosée, par l’approche de Noël, en champ de bataille où se déroule une compétition pour la meilleure décoration et en théâtre d’une frénésie d’achats. Et tous les ans, cette superficialité matérielle prend le dessus sur l’essence originellement spirituelle de l’événement.
Beaucoup ont eu l’occasion de voir, dans le film La Course au jouet (B. Levant, 1996) et les mésaventures du personnage principal incarné par Arnold Schwarzenegger, cette conception contemporaine d’un Noël réussi, mesuré par la quantité et la qualité des acquisitions matérielles. Un phénomène qui gouverne le monde quand il touche le mois de décembre. Et Madagascar ne peut esquiver cette vague consumériste.
Pour Émile Durkheim, deux sphères cohabitent dans une société : le sacré et le profane. Et Noël, qui appartient foncièrement au sacré, est infecté par les impératifs de l’actuelle société de consommation, un excès de profane qui lui a fait perdre son âme, emportée dans les agitations qui remuent les places de marché. La célébration du triomphe de la lumière sur l’obscurité, qu’on trouve dans la fête du Sol Invictus et dans la célébration de la naissance du Christ, a cédé face à l’invasion éclatante et hypnotisante du matériel.
C’est ce même esprit qui s’installe chez nous, faisant émerger un nombre considérable de foyers d’effervescence, dans lesquels on respire un air ensorcelant qui provoque une ivresse collective. Cette frénésie se manifeste dans les embouteillages qui s’amplifient ou dans cette quête effrénée de divers objets que les différents commerces proposent et qui vont servir de trophées. Et pour celui ou celle qui aspire à une vie calme, le centre-ville, épicentre de cet embrasement annuel, est redouté.
Quand les bruits ont raison de nos nerfs alors que le cœur devrait être à la fête, la délivrance peut, entre autres, être fournie par cette atmosphère quand on inhale les particules qui ne nous sont pas toxiques. Et alors, les achats et les cadeaux renoueront avec les valeurs authentiques de Noël qui pourront, à leur tour, étouffer la cacophonie.