Faute de preuves, trois jeunes hommes poursuivis pour l’assassinat d’un policier en mai ont été acquittés hier par la Cour criminelle.
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| Le procès a duré près de cinq heures, de 11h à 16h. |
Un supposé crime passionnel n’a finalement pas été retenu. La victime, un agent de police de troisième échelon en service au commissariat central d’Avaradrano, a été retrouvée morte le 18 mai, dans l’eau, en contrebas du pavé d’Antsofinondry vers Ambodifasina. Le procès s’est ouvert hier devant la Cour criminelle, salle 4 du Palais de justice. Les trois accusés ont été déclarés non coupables : deux ont bénéficié d’un acquittement pur et simple, tandis que le troisième a été relaxé au bénéfice du doute.
Le père du défunt a déclaré ne réclamer aucun dommage ni intérêt, estimant que « la vie de son fils ne s’achète pas ».
Après la mort de son fils âgé de 29 ans, il avait porté plainte contre X. D’abord convaincu qu’il s’agissait d’un accident de la route, il a commencé à soupçonner un jeune homme d’Ankadikely après avoir entendu des rumeurs.
Ce premier suspect, présenté comme le rival du policier, avait envoyé des messages privés à un autre homme en écrivant : « […] tu mourras comme lui », accompagnés d’une photo du policier après son décès.
Aucune lésion
Sa compagne, venue témoigner à l’audience, a affirmé qu’il n’avait jamais rencontré le policier. Selon elle, il s’était seulement renseigné sur les réseaux sociaux. C’est le policier qui connaissait son visage, d’après la jeune femme qui entretenait des relations avec les deux hommes.
En évoquant un autre accusé, la témoin a expliqué qu’il y avait eu un moment où le policier l’avait appelée pour l’avertir qu’un homme à moto le suivait.
Le troisième accusé, quant à lui, avait été mis en cause par un témoignage affirmant qu’il s’était rendu, avec le rival du policier, chez une amie à Talata Volonondry la veille du drame. Cette témoin, absente au procès, avait déclaré que les deux jeunes hommes étaient venus en voiture appartenant au troisième accusé. Or, celui-ci soutient qu’il se trouvait à Mahajanga, pièces justificatives à l’appui. Comme son coaccusé, il conteste fermement ce témoignage.
Les avocats de la défense ont rappelé que le rapport d’autopsie ne mentionnait aucune lésion sur le corps. Le document conclut que le décès était dû à une asphyxie, avec présence de boue dans les poumons. « Trois autres policiers buvaient de l’alcool avec la victime le 17 mai et l’accompagnaient ce soir-là. Ce sont eux qui ont été les derniers en contact avec lui. Pourquoi ne pas les poursuivre? C’est regrettable que le corporatisme ait prévalu, puisque l’enquête a été menée par la police », a dénoncé l’avocate de deux des principaux accusés.
Le jour de la découverte macabre, le corps du policier gisait dans l’eau, tandis que sa moto et son casque étaient restés intacts au bord de la chaussée. Comme l’a rappelé l’avocate générale, l’hypothèse d’un meurtre prémédité ne repose que sur des soupçons.
Haja Léo
