Le train sifflera deux fois

Si toi aussi tu m’abandonnes,

Oh mon unique amour,toi

Nul ne pourra jamais rien 

Non,rien,rien, pour moi»

On l’aura deviné, il s’agit d’un couplet de la chanson du célèbre film de Gary Cooper interprété entre autres par Grâce Kelly. Évidemment, c’est une parodie du titre « Le train sifflera trois fois». Ce ne sera pas encore le cas pour le retour du train voyageur entre Ambohimanambola et Soarano à partir de ce jour. Un vrai événement que la Génération Z (1997-2012) n’a pas vécu étant donné que le dernier train des lignes Tananarive- Côte Est, Moramanga- Lac Alaotra, Tana- Antsirabe avait eu lieu en 1996. Seule la ligne Fianarantsoa-Manakara a survécu au cyclone de la privatisation du Réseau National des Chemins de fer (RNCFM) depuis 1982 après la nationalisation en 1974.

Le transport ferroviaire constitue un véritable patrimoine dont la construction a débuté en 1902, tout étant un moteur du développement. C’est plus que jamais vrai avec la détérioration des routes nationales. Les chemins de fer auraient pu être un salut pour les usagers. Le voyage par route pour aller à Toamasina dure autant que le trajet en train aujourd’hui.  

L’histoire du transfert ferroviaire est digne d’un scénario d’un film western où le rôle principal est joué par John Wayne ou James Coburn ou son équivalent malgache.

Le RNCFM a été donc privatisé au profit de Comazar du groupe Bolloré en 2002 pour une concession de 25 ans pour le transport de marchandises et de transport limité de passagers. Puis alors que rien n’a été entamé dans le contrat de concession, la société belge Vectris devient actionnaire majoritaire et prend le nom de Madagascar Railways raccourci de Madarail. Et en 2011, Madarail Holding devient actionnaire majoritaire, mais Vectris reste l’opérateur. Le mic mac n’est pas aussi facile à comprendre que les péripéties du film de Garry Cooper. On ignore comment le milliardaire malgache arrêté actuellement à Maurice est devenu actionnaire majoritaire de cette société 

Madarail devait relancer le transport ferroviaire avec la réhabilitation des infrastructures comme les voies ferrées, les gares, l’achat de nouveaux locomotives et de wagons avec l’appui de la Banque mondiale.

Il n’en fut rien. Les gares de Soarano et des Manguiers à Toamasina ont été transformées en centre commercial. Le retour des trains passagers a été annoncé à plusieurs reprises sans jamais voir le jour. Seul le transport des hydrocarbures est assuré par Madarail.

Le retour du train urbain constitue ainsi une lueur d’espoir pour une vraie remise en service des trains de voyageurs. Pour le moment, il s’agit de remettre sur les rails les fameux « trains banlieues» reliant à l’époque Ambatofotsy, Amnbohijanaka, Mandroseza, Ambohimanambola, Anjeva à Soarano.

Beaucoup d’argent a été injecté dans le projet Madarail, mais visiblement il n’a pas été utilisé convenablement. Les organismes anti-corruption ont certainement du mal à qualifier cette supercherie s’il s’agit de détournement de fonds ou de blanchiment de capitaux. On en est à ce dilemme pour définir l’épilogue du film.

Sylvain  Ranjalahy 

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