on, une bataille était gagnée mais non pas la guerre. Les manifestants de la GEN Z sont parvenus à leur dernier objectif, en l’occurrence la fuite de l’ancien président plus tôt que prévu grâce au soutien impromptu du Capsat qui a renversé cette fois celui qu’il avait porté au pinacle il y a seize ans. Dur retour de manivelle pour celui qui s’est résolu à ne pas briguer un troisième mandat malgré le souhait de ses thuriféraires.
La liberté d’expression et la liberté de manifester sont bel et bien redevenues une réalité au quotidien, il n’y a plus d’arrestations dans ce cas d’espèce.
Mais la galère de la population contre laquelle les jeunes manifestants ont osé se lever alors que beaucoup d’observateurs croyaient qu’on était à jamais condamné à subir et qu’il était impossible de renverser la situation, continue.
Les délestages restent encore une réalité dans plusieurs quartiers. Les manifestations de colère et de frustration ont ainsi repris avec davantage d’agressivité et d’audace étant donné qu’il n’y avait plus rien à craindre. On peut brûler tous les pneus usés de la capitale à satiété sans courir le moindre risque. Au contraire, on encourage cette initiative pour pouvoir se débarrasser de ces déchets dont on ne sait quoi en faire et qui commencent à encombrer la ville. On aura peut-être ainsi de nouveaux espaces pour les parkings dans une ville où la rue et les trottoirs sont titrés et bornés aux marchands. Libérer ces endroits figure peut-être parmi les premières mesures à prendre par les responsables de l’aménagement du territoire à défaut d’un responsable de l’urbanisme et face à la défaillance de la CUA. Il s’agit à dire vrai d’un litige foncier, d’une spoliation d’un espace qui appartient depuis la nuit des temps aux piétons.
C’est un détail peut-être pas aussi vital que le délestage et le déleaustage mais c’est un problème qui réduit la mobilité urbaine et expose la population à un accident au quotidien.
Les problèmes n’ont pas disparu du jour au lendemain. C’est évident et personne ne s’attendait à un miracle. Mais de là à subir quatre jours de blackout et de délestage toute la journée, les manifestants ne se sont pas faits prier pour rectifier le refrain de leur tube fétiche. Autrement dit, la va... peur est en train d’être renversée. C’est d’autant plus vrai que les changements radicaux attendus aussi bien du système que des hommes semblent tombés aux calendes grecques par peur d’être privé des subventions internationales. Or, depuis quarante-cinq ans, les aides des bailleurs de fonds, les différentes mesures prises, les nombreux projets entrepris n’ont fait qu’aggraver la pauvreté, éloigner le développement.
Tout reste en place et rien ne laisse augurer rien de bon quand on a quatre présidents avec quatre cortèges de vingt voitures chacun à qui on doit laisser le passage dans les embouteillages.
Il faut que les choses avancent plus vite et qu’on ose s’attaquer aux revendications plus d’un mois après la chute du « monument».
Sylvain ranjalahy