ENTREPRENEURIAT DIGITAL - Madagascar reste en retrait

Malgré des avancées numériques et des initiatives publiques plus visibles, Madagascar peine encore à s’imposer comme un acteur majeur de l’entrepreneuriat digital en Afrique.

Le rapport du PNUD souligne, ce mercredi, les progrès  et une économie digitale en pleine expansion.

Selon l’édition 2025 du DigitalEntrepreneurship Ecosystem Index, publié par le Vienna Institute for Global Studies (VIGS), Madagascar figure parmi les pays les moins performants en matière d’écosystème d’entrepreneuriat numérique.   Sur les 170 pays analysés dans le monde, la Grande Île occupe une position proche du bas du classement, autour de la 153e place, et se classe 34e en Afrique.

À l’opposé, l’Afrique du Sud, Maurice et le Maroc figurent en tête du classement continental, devant la Tunisie, l’Égypte et le Kenya. Ces pays disposent d’écosystèmes numériques plus avancés, soutenus par des infrastructures solides, un accès plus fluide au financement et des politiques publiques mieux structurées en faveur de l’innovation digitale.

Malgré ce retard, des avancées sont observables. Mercredi dernier, au ministère du Développement numérique, des Postes et des Télécommunications, le rapport de préparation numérique du PNUD souligne que Madagascar a franchi une étape décisive : « le pays a quitté la phase expérimentale pour entrer dans une étape plus structurée de sa transformation digitale ». L’écosystème local compte près de 900 entreprises numériques, incluant des sociétés de services IT. En 2023, plus de 400 nouvelles entreprises du secteur TIC ont été créées, selon les chiffres de l’EDBM, des BPO et environ 135 startups soutenues par des programmes publics comme Miary Digital. Le rapport indique que «les services liés aux technologies de l’information et de la communication représentent déjà 34 % des exportations de services », et que des innovations existent notamment dans le mobile money et le e-commerce.

Obstacles persistants

Pour autant, ces progrès restent insuffisants pour combler le retard face aux hubs africains plus matures, où les startups et les financements sont beaucoup plus nombreux et structurés.

Sur le terrain, les acteurs du numérique pointent plusieurs obstacles. « Le manque de financement reste le principal frein», note Herizo, étudiant du secteur, qui ajoute que « les salaires sont très faibles comparés à l’Afrique du Sud, Maurice ou l’Inde, où les professionnels peuvent gagner trois à quatre fois plus ». La connectivité reste également un problème : « le coût élevé et la qualité limitée d’Internet restreignent le potentiel d’exploitation du secteur numérique ».

Par ailleurs, l’entrepreneuriat digital reste concentré dans les grandes villes, ce qui accentue les disparités territoriales. Les projets numériques se multiplient, mais leur impact demeure limité : « on suit parfois une logique de mode plutôt qu’une véritable vision stratégique pour l’avenir du pays ».

Pour l’avenir, les experts insistent sur la nécessité de consolider l’écosystème : améliorer l’accès au financement, retenir les talents, renforcer les infrastructures et promouvoir l’inclusion numérique sur tout le territoire. Le ministre du Développement numérique, des Postes et des Télécommunications, Mahefa Andriamampiadana, rappelle que « l’inclusion numérique constitue une priorité nationale, même si des efforts importants restent encore nécessaires pour en garantir l’effectivité ».

Irina Tsimijaly


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