Les monopoles continuent de pénaliser les consommateurs. Ils entraînent des prix élevés, un manque d’innovation et une concurrence presque inexistante.
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| Journée nationale de la concurrence, organisée hier au Novotel Ivandry. |
Les monopoles freinent la concurrence, bloquent l’innovation et gonflent les prix. C’est le constat partagé hier au Novotel Ivandry, à l’occasion de la Journée nationale de la concurrence, qui a permis de dresser un état des lieux pour la Grande Île. Claude Richard Raharimanantsoa, président du Conseil de la concurrence, souligne : « Former, encadrer et arbitrer permet d’apprendre à concurrencer sans se détruire».
La loi sur la concurrence, adoptée en 2018, reste largement inefficace faute de décrets d’application. Le Conseil de la concurrence, opérationnel seulement depuis 2024, doit encore organiser et mettre en œuvre les règles pour protéger les consommateurs. Les monopoles entraînent des prix élevés et freinent l’innovation, car les entreprises dominantes ne sont pas incitées à améliorer leurs produits ou services. Le rôle des régulateurs est essentiel pour détecter ces situations et recommander des mesures correctives. Comme l’explique le gouverneur de la Banque centrale et le représentant de l’OMH : « La détection des situations de monopole relève des régulateurs. Certaines situations sont inévitables, mais elles peuvent conduire à des recommandations obligatoires pour éviter les ententes sur les prix ».
Le problème est profond : la culture de la concurrence reste quasi inexistante, et Madagascar est mal noté au niveau international en raison du non-respect des accords et de la prédominance des monopoles. Malgré l’existence d’institutions comme l’Office malgache des hydrocarbures (OMH) et l’Autorité de régulation des technologies de communication (ARTEC), leurs moyens limités freinent l’efficacité de leurs actions régulatrices.
Inverser la tendance
Face à ce constat, le Conseil de la concurrence multiplie les initiatives pour promouvoir une concurrence saine. Il organise des ateliers de formation et des campagnes de sensibilisation destinés aux entreprises et aux consommateurs. Said Kechida, responsable Afrique et Moyen-Orient à l’OCDE, explique : « Notre objectif est de proposer une formation de qualité aux experts et aux rapporteurs du Conseil de la concurrence pour les mettre à jour sur les bonnes pratiques et les standards internationaux ».
Ces actions, menées en partenariat avec le PACFC et la Banque africaine de développement, visent la lutte contre la concentration, les ententes et les abus de position dominante, tout en encourageant activement la concurrence.
Claude Richard Raharimanantsoa rappelle : « La concurrence ne doit pas freiner l’investissement, mais devenir un levier de développement. Il faut respecter le droit et permettre aux entreprises de rivaliser équitablement ». À Madagascar, réformer la concurrence est une urgence: cela impacte directement le pouvoir d’achat et le bien-être des consommateurs.
Irina Tsimijaly
