Cinq en un

Ce n’est pas trop tôt. Il a fallu que les Mauriciens montrent comment s’y prendre pour que les organismes de lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux ne fassent pas partie que des décorations de sapin de Noël. À chaque bilan présenté par le Bianco, le Samifin, l’Arai, le CSI et le PAC, l’opinion reste éternellement sur sa faim. On n’annonce que le nombre d’arrestations, de mises en détention provisoire, le montant des capitaux saisis sans savoir à qui appartiennent ces cavernes d’Ali Baba, comment les blanchiments ont été effectués. Pour un seul coup, le FCC mauricien a fait ce qu’on attendait de ces organismes de lutte contre la corruption depuis un quart de siècle. Il a fallu donc attendre la journée de la lutte contre la corruption célébrée hier et la reconduction du directeur général du Samifin pour qu’on révèle quelques secrets de polichinelle. Le Samifin n’a fait que ressasser ce que le FCC mauricien et toute la presse mauricienne ont relaté depuis l’éclatement de l’affaire Ravatomanga. Le scoop n’en était pas un.

Il faut attendre la mise à nu d’autres affaires de corruption et de blanchiment de capitaux pour que ces organismes de lutte contre ces fléaux gagnent un peu en crédibilité aux yeux de l’opinion. Il y en a à foison et cela saute aux yeux pour peu qu’on réfléchisse sur l’ascension flagrante d’une société ou entreprise, les constructions hors normes un peu partout,  les comptes bancaires qui débordent des coffres. 

Jusqu’ici ils n’ont servi que des intérêts politiques et ont été asservis à certaines personnes. Les interventions des dirigeants politiques ont limité la marge de manœuvre de ces organismes dont les directeurs généraux sont nommés par décret en conseil des ministres par le président de la République. Ils sont donc pieds et poings liés aux ordres d’en haut et contraints de rester calmes, de travailler dans la sérénité loin des yeux indiscrets. 

Avec cinq organismes de lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux, Madagascar aurait dû être un pays débarrassé de la pègre et de la mafia. Un pays des hommes intègres. Mais quand les organismes anti-corruption constituent le propre terreau de cette gangrène, le pays est logiquement peuplé d’accumulateurs de bien mal acquis.

Et pourtant, ces institutions coûtent cher à l’État et à la population. On comprend pourquoi on se bouscule au portillon pour les postes de directeurs généraux alors qu’on sait pertinemment que, dès la prise de fonction, on doit laisser dehors sa conviction et sa détermination. On a pris bien soin de recourir au précieux service de ChatGPT pour la lettre de motivation qui n’engage donc que son auteur.

À l’heure de la Refondation, il est temps soit de rassembler toutes ces entités en une à l’image du FCC mauricien, soit de carrément mettre fin à leur existence pour inefficacité. À preuve, la pauvreté qui galope et l’écart social qui prend davantage d’ampleur. Un choix doit être fait.

Sylvain Ranjalahy 

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