On ne l’a pas vu venir. L’opinion l’a enterré depuis longtemps alors que lui-même s’est terré depuis sa révélation fracassante de l’existence de doublons lors des élections de 2019. Sa déclaration du 10 mars 2020 a fait l’effet d’une bombe au napalm et a secoué tout l’appareil étatique de l’époque. Elle remettait en cause les résultats des élections, en particulier ceux de la présidentielle. Logiquement, il s’est attiré la foudre du pouvoir et a été prié de démissionner par le président de la Ceni qui l’avait défendu dans un premier temps avant de devoir se raviser.
Après la présidentielle de 2023, le bureau de la Ceni a été renouvelé conformément à la loi. Un nouveau président a été élu et il faisait partie de ceux qui ont été nommés par le président de la République comme c’était également le cas pour la Haute Cour Constitutionnelle. Un manque de neutralité et, donc, de crédibilité de ces deux institutions, soulevé par l’ambassadeur de l’Union européenne, qui lui a valu « un renvoi à sa famille».
Les résultats des élections présidentielle, législatives et municipales ont fait l’objet de nombreuses contestations et des anomalies ont été dénoncées. L’opposition avait plus ou moins boycotté la présidentielle.
Les résultats des municipales à Antananarivo ont causé une grosse polémique avec la publication sur les réseaux sociaux d’un autre verdict que celui publié par la Ceni.
L’auteur de la publication a été arrêté et condamné.
La vie de la Ceni n’a pas été ainsi un fleuve tranquille. Elle a été dans le collimateur des manifestants de la GEN Z tout comme la HCC et d’autres institutions. Mais un volte-face du quintet du Capsat face aux menaces des sanctions internationales les a maintenues à leur place. Mais c’était juste un sursis et pour arrondir les angles, on a fait comprendre au président de la Ceni que sa place fait partie des cibles de la Refondation. Et pour ne pas faire des vagues, il a cédé sa place à Thierry La Fronde dans le cadre de cet acenissement. Les autres membres sont toutefois maintenus à leur place.
Thierry Rakotonarivo porte donc tout l’espoir de la Refondation des élections qui font régulièrement l’objet de contestations depuis la création de la Ceni en 2012.
Auparavant, l’organisation des élections a toujours été confiée au ministère de l’Intérieur pendant lesquelles Albert Zafy avait battu le président en exercice Ratsiraka en 1993, Ratsiraka avait surclassé le président en exercice Albert Zafy en 1997, l’outsider Ravalomanana avait écrasé le président en exercice Ratsiraka en 2001. De même Ravalomanana avait emporté haut la main les communales de 1999 au détriment du candidat de l’Arema au pouvoir alors que Rajoelina avait détrôné le candidat du TIM, au pouvoir en 2007.
Or, ce qui se trouve à la tête de l’administration électorale avait toutes les latitudes pour manipuler les résultats. C’est la preuve qu’on peut organiser des élections crédibles.
Le challenge est de taille pour Thierry Rakotonarivo avec la fin du Cenima.
Sylvain Ranjalahy