Urgence culturelle

La culture est parmi les grands orphelins dont le désarroi se manifeste dans les grands symptômes qui nous lancinent depuis un nombre trop important d’années. À plusieurs moments de notre histoire, on a choisi une voie qu’a tracée une autre culture, une civilisation qui n’est pas la nôtre. Et aujourd’hui, on assiste à un égarement général marqué par une perte des repères qui nous condamne à errer, à l’aveugle, dans le grand labyrinthe de la mondialisation. Le temps doit être à la reconquête de la culture perdue. Les premiers acteurs politiques qui ont obtenu les clés de la culture sont bien souvent dépourvus du mode d’emploi approprié.

Récemment, on a à nouveau subordonné la culture à un domaine avec lequel le mariage, et les précédentes administrations l’ont montré, éprouve des difficultés à aller en sa faveur. La culture est la soumise qui est contrainte de s’effacer. Un schéma qui se concrétise dans la vie nationale où on assiste à l’écrasement de la culture, piétinée, dissoute et emportée par les différentes vagues que nous-mêmes provoquons en optant, à chaque carrefour, pour la direction qui tourne le dos à notre culture, quand notre choix est celui de la route de l’oubli. Ainsi, notre vision de notre culture se réduit à des clichés réducteurs qui éloignent plus qu’ils ne rapprochent.

Et les différents mouvements que l’histoire a effectués nous ont menés à cette situation où les liants, qui ne peuvent être que transmis par l’apprentissage, et qui ont pu construire une identité, une mémoire collective, sont dévastés. Le point où on en est est un état d’urgence, une amnésie qui a incinéré nos valeurs, nos différentes conceptions sur la vie et qu’ont transmises la littérature orale et écrite, l’art musical ou pictural, le patrimoine matériel où elles s’incarnent... ou les différentes pensées que nos ancêtres nous ont laissées et qui ont depuis été réduites à un statut inférieur. Ces différents organes de la culture ont tous subi les conséquences de ces plusieurs décennies d’indifférence qui les ont marginalisés. Et quand le mal est profond, le recours aux véritables spécialistes devient une nécessité.

En 1959, le général de Gaulle eut la brillante idée de créer un ministère d’État entièrement voué à la culture et le confia à l’écrivain André Malraux, porté par sa conviction que la culture est ce qui peut préserver de l’oubli et donc un moyen de sauvegarder la dignité d’un peuple. Il a notamment démocratisé l’accès à l’art à travers les Maisons de la culture, mis en avant le patrimoine en restaurant des monuments historiques... et d’autres réalisations qui concrétisent sa citation :

“La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert”. Plus que jamais, le ministère à qui les affaires culturelles ont été confiées devrait être mû par le même moteur. Espérons qu’il suivra cette voie pour dissiper tout scepticisme. 

Fenitra Ratefiarivony

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