Les XXe Journées neurochirurgicales se sont tenues cette semaine à Toamasina. Les spécialistes ont tiré la sonnette d’alarme sur le sous-effectif criant qui touche leur discipline.
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| Les XXe journées neurochirurgicales à Toamasina. |
Le manque de médecins n’épargne aucun domaine médical à Madagascar, y compris les spécialités vitales et les plus sollicitées. « Nous ne sommes que seize neurochirurgiens, dont trois professeurs, pour un pays de plus de trente millions d’habitants », a déploré la Société malgache de neurochirurgie lors de la clôture de l’événement, le 6 novembre.
Ce nombre dérisoire se traduit par la présence de seulement sept services de neurochirurgie dans tout le pays, pour faire face aux urgences, aux traumatismes crâniens, aux tumeurs cérébrales ou encore aux accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Pourtant, l’AVC représente aujourd’hui un véritable problème de santé publique à Madagascar. Selon les estimations du Global Burden of Disease de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le pays aurait enregistré entre 14 696 et 23 058 nouveaux cas d’AVC en 2016. Les centres hospitaliers universitaires (CHU) d’Antananarivo accueillent à eux seuls près de 400 hospitalisations par an.
Dans de nombreuses régions, les patients victimes d’AVC se retrouvent sans prise en charge adéquate, faute de structures spécialisées. Ceux qui en ont les moyens sont contraints de se déplacer vers les grandes villes où existent des services de neurologie.
Exode
La situation s’aggrave encore avec la grève des internes en médecine et des internes qualifiants, actuellement en service zéro dans les hôpitaux publics. « Nous sommes contraints de limiter les opérations aux urgences vitales et d’annuler les interventions programmées », confie un neurochirurgien d’un CHU.
Tous les spécialistes sont en sous-effectif à Madagascar. Cette pénurie s’explique en grande partie par l’exode des médecins à l’étranger, attirés par de meilleures conditions de travail et de rémunération. « Après plusieurs années d’études, nous gagnons environ 1 100 000 ariary par mois. C’est le salaire qu’un médecin peut percevoir en un seul week-end de garde dans un hôpital à l’étranger », témoigne un neurochirurgien.
Face à l’ampleur des besoins, les médecins spécialistes réclament un plan national de renforcement des effectifs médicaux et des plateaux techniques, condition indispensable pour garantir un accès équitable aux soins spécialisés sur tout le territoire.
En attendant une amélioration, les neurochirurgiens en poste à Madagascar affirment donner le meilleur d’eux-mêmes : « Nous manquons cruellement de matériel, d’équipements, d’infrastructures… Mais jamais de compétence, jamais de volonté, jamais de cœur. Nous avons été bien formés, nous sommes capables et déterminés. Ce qui nous porte, c’est notre engagement envers notre peuple. Ce qui nous tient debout, ce sont nos patients, leurs familles, leurs espoirs », ont-ils déclaré.
Miangaly Ralitera
