L’Histoire a pris un de ces tournants, dont il a le secret, il y a exactement 395 ans. Les 10 et 11 novembre 1630, la France connut une journée qui est restée dans les mémoires. Ce fut un épisode au cours duquel Armand Jean du Plessis, plus connu comme étant le Cardinal de Richelieu, renforça contre toute attente son autorité au cours de cette journée qui neutralisa, pour de bon, les espoirs, pourtant encore vivaces auparavant, des adversaires du cardinal menés par la reine-mère, Marie de Médicis, qui virent alors les illusions de la victoire, dont ils étaient ivres, s’évanouir. Une Journée des dupes dont la recette, cuisinée à différentes sauces, a trop tendance à être reprise, en particulier chez nous.
Le 10 novembre 1630 donc, les intrigues de cour visant à annihiler le pouvoir de Richelieu, alors principal ministre du roi Louis XIII, commencèrent à subir un échec inattendu. Louis XIII prit tout le monde de court en confirmant sa confiance en Richelieu qui vit ainsi sa puissance s’intensifier, tandis que celle, qu’on croyait pourtant immense, de Marie de Médicis entama un chemin de croix, celui de sa neutralisation progressive. Une journée des dupes parmi beaucoup d’autres dont un nombre important eut lieu chez nous, quand les acteurs politiques se jouent de leurs semblables, ou du peuple. Et aujourd’hui, les voix de quelques-uns qui s’estiment en être des victimes s’élèvent timidement.
Depuis quelques jours, des discordances sont entendues et ressenties, provenant de certains qui peuvent revendiquer leur importance dans les grands bouleversements nationaux récents. À l’instar de Marie de Médicis et de ceux qui étaient dans son camp, les factions qui ont consacré des semaines à s’exprimer sur la place du 13 mai sont les sujets d’une frustration que pourraient comprendre leurs devanciers de 1630, qui étaient obnubilés par le mirage d’une promotion de statut. Comme à l’époque, les événements ont fini, selon ces points de vue, par spolier des personnages principaux qui n’ont pas eu droit au privilège de la consultation.
Ce cas est un des nombreux visages de ce phénomène qui apparaît chez Shakespeare, Racine, Dumas ou Hugo, ou encore dans d’autres pages qui ont été tournées par l’Histoire, comme celles de la conjuration des Pazzi, du coup d’État du 18 Brumaire, de la Nuit des longs couteaux, du Printemps de Prague... auxquelles on rajoutera également celles de certaines des péripéties constitutives du récit de la construction de l’état actuel de notre pays.
Fenitra Ratefiarivony