Le PLFI 2026, actuellement à l’Assemblée nationale, suscite des débats. Les hausses d’impôts sur la bière, les hauts revenus et certains produits importés provoquent des réactions partagées.
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| Herinjatovo Ramiarison, ministre de l’Économie et des Finances. |
Le Projet de Loi de Finances Initiale (PLFI) 2026 prévoit ainsi que la tranche de revenu supérieure à 4 millions d’ariary soit soumise à un taux d’IRSA de 25 %, tandis que les autres tranches restent inchangées, allant de 0 % à 20 %. Mais au-delà de l’IRSA, le texte contient de nombreuses mesures fiscales importantes. Concernant les droits d’accise sur la bière, une nouvelle hausse est prévue, après un triplement des droits entre 2020 et 2025, passant de 290 à 850 ariary le litre, soit une augmentation de 193 %. Si cette mesure pourrait freiner la consommation, le gouvernement la justifie par la nécessité d’accroître les recettes fiscales.
Par ailleurs, plusieurs retaxations et harmonisations de la TVA et des droits de douane sont envisagées. Les produits pétroliers, par exemple, verront une TVA de 20 % appliquée au pétrole lampant et au gasoil, dont le prix est révisé à 2 285 ariary le litre, afin d’aligner la fiscalité et de réduire les effets polluants
Pour le riz, une distinction est faite entre le riz de base et le riz haut de gamme, avec une taxation de 20 % sur la TVA et les droits de douane pour les variétés luxueuses.
Les préparations alimentaires pour nourrissons et jeunes enfants seront également soumises à la TVA de 20 %, dans le but d’encourager la production locale et de limiter le coût des alternatives importées
Les aliments pour animaux, les produits pharmaceutiques périmés et certains équipements industriels subiront des ajustements fiscaux visant à protéger les filières locales et à concentrer les exonérations sur les équipements essentiels au développement rural et à la souveraineté alimentaire.
Selon le gouvernement, ces mesures visent à élargir l’assiette fiscale, réduire les distorsions de concurrence, soutenir la production nationale et générer des recettes supplémentaires pour l’État.
Enjeux de justice fiscale
Le ministre de l’Économie et des Finances, Herinjatovo Ramiarison, insiste sur le rôle du Parlement dans l’examen du projet de loi de finances initiale
Il a déclaré, ce jeudi 30 octobre, lors de sa cérémonie de passation à Anosy : « Nous avons voulu soumettre le PLFI aux députés pour qu’ils puissent engager de véritables discussions et non pas seulement approuver un texte ». Il rappelle que l’élaboration du projet s’est appuyée sur le travail technique de l’équipe précédente, tout en intégrant la vision du gouvernement actuel et les attentes de la population Il ajoute : « L’objectif n’est pas d’augmenter les impôts, mais de renforcer la collecte et d’élargir l’assiette fiscale ».
Cependant, des critiques pointent un déséquilibre entre les travailleurs formels, le secteur informel et les très hauts revenus, qui échappent souvent à l’impôt. Le professeur Denis Alexandre Lahiniriko note : « Si le travail formel devient pénalisant et que certains échappent à l’impôt, cela crée une injustice. L’État devrait d’abord formaliser l’économie et recouvrer les biens mal acquis avant de presser ceux qui paient déjà leurs impôts ».
Pour justifier les mesures prévues dans le projet de loi, le gouvernement met en avant trois priorités principales. Selon lui, il s’agit de « renforcer la gestion fiscale en élargissant l’assiette et en améliorant la collecte », « rationaliser les dépenses publiques pour s’assurer que chaque ariary dépensé ait un impact réel sur les objectifs fixés », et « soutenir la relance économique en protégeant l’investissement et en stimulant la croissance nationale ».
Un économiste souligne également que « la situation actuelle pourrait permettre de sonder l’avis du public afin d’éviter les surprises et de clarifier les rôles de chacun dans le processus de mise en œuvre ».
Les recettes fiscales intérieures sont prévues à 6 221,7 milliards d’ariary, soit une augmentation de 10,5 % par rapport à 2025, avec un taux de pression fiscale brute de 12,4 % du PIB.
Le débat parlementaire s’annonce donc intense, partagé entre la volonté d’élargir l’assiette fiscale, de protéger la production locale et les préoccupations des citoyens concernant l’équité et l’impact réel de ces mesures sur le pouvoir d’achat.
Irina Tsimijaly
