Vertige du possible

Une nouvelle page vient de se tourner, une des nombreuses qui ont comme épilogue la victoire d’un mouvement populaire. Ce furent donc les dernières phrases d’un chapitre assombri par les ténèbres de la crise qui ont hanté des secteurs sensibles comme le coût de la vie, l’éducation et l’instruction, l’énergie... qui aspirent tous à une autre ère portée par un nouveau souffle salutaire, le monde utopique ou l’étoffe dont sont faits les rêves qui naissent toujours de ce type de changement. Et à chaque fois, on espère que la comparaison avec les prédécesseurs s’arrête là et que l’issue diffèrera de ce dont on a l’habitude. Maintenant, après les derniers événements, on est encore au stade où l’utopie attend de se défaire de sa dimension chimérique.

La place du 13 Mai a été l’épicentre de tant de séismes politiques qui ont secoué notre histoire. À chaque fois que passe la convulsion, les pensées sont nourries par l’imagination où se construisent différentes images des caractéristiques de la société idéale. Ce sont les différents désirs qui remplissent les réseaux sociaux et qui commencent généralement par “on devrait maintenant...”. On ne demande qu’à ce que cet enthousiasme ne tombe pas sous les coups du désenchantement qui a trop tendance à avoir raison de l’espoir dont le caractère éphémère est ce qu’on retient ou ce qui fait qu’il s’efface de nos souvenirs.

Les utopies ont justement cette capacité à surgir dans les esprits qui sont à la poursuite de la société où sont supprimés les divers maux nationaux qui ont fait que la vie côtoyait la souffrance. C’est ainsi que les injustices de son époque ont engendré, avec la plume de Thomas More, l’île d’Utopia où la propriété privée est inexistante et où chacun a droit aux mêmes biens. D’autres mondes fantasmés naîtront après lui, dont notamment la Cité du Soleil de Tommaso Campanella ou les phalanstères proposés par Charles Fourier. On pourra aussi citer toutes les utopies qui ont germé, chez nous, après les changements de régime.

Et aujourd’hui, on est dans cette phase propice aux utopies après qu’une autre s’est écroulée. Beaucoup expriment leur vision sur ce qu’il faut changer ou sur l’avenir plus radieux, de jours plus heureux qui succéderont à la nuit, qu’ils pressentent et qu’ils croient commencer avec cette nouvelle direction prise par le pays. On ne peut que souhaiter que l’histoire prendra, cette fois, une trajectoire autre que celles qu’elle a prises auparavant.

Feniitra Ratefiarivony

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