Les internes en médecine ainsi que les internes en spécialisation poursuivent le service zéro. Les patients en subissent les conséquences.
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Le jardin est devenu le lit d’hôpital pour ce jeune homme. |
Un jeune homme venu de Mampikony, qui devait être opéré d’un calcul rénal, dormait hier dans le jardin du Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHU JRA). « Nous sommes arrivés ici dimanche, mais le service dans lequel nous nous sommes présentés n’a pas pu nous admettre. Un responsable nous a expliqué qu’ils ne pouvaient plus recevoir de nouveaux patients, faute de personnel médical, en raison de la grève des internes », raconte le père du jeune homme, très inquiet pour la santé de son fils.
« On nous a fait passer un scanner et des analyses sanguines, mais nous craignons qu’il ne soit pas opéré de sitôt. Nous ne pouvons pas rentrer à Mampikony sans qu’il soit opéré, car nous avons déjà dépensé beaucoup d’argent pour venir jusqu’ici et pour notre séjour », ajoute-t-il.
Depuis le début du mouvement des internes en médecine et des internes qualifiants, la plupart des services du CHU JRA ont reporté les interventions chirurgicales non urgentes.
« J’ai été admis à l’hôpital le dimanche 12 octobre pour être opéré le lendemain. Le jour prévu, on m’a annoncé que l’opération était annulée à cause de la grève. On nous a demandé de rentrer chez nous. Nous sommes revenus aujourd’hui pour demander quand aura lieu l’intervention, mais aucune date ne nous a encore été donnée », témoigne un patient dans l’attente d’une opération de la prostate.
Manque de médecins
Très peu de médecins exercent encore au CHU JRA depuis le début du service zéro des internes. « Nous ne sommes que deux médecins pour tout assurer : les visites, les consultations, les prescriptions, les gardes, les dossiers des patients et les interventions chirurgicales. En temps normal, nous sommes quatre chirurgiens, mais en ce moment, nous ne sommes que deux, et il n’y a qu’un seul anesthésiste-réanimateur », explique un médecin spécialiste de l’établissement.
Cette grève met en lumière le manque criant de médecins dans les hôpitaux publics.
« Dans les années 2000, nous étions sept spécialistes dans ce service. Aujourd’hui, il n’en reste que deux. Les recrutements sont rares, et ceux qui sont embauchés finissent souvent par partir travailler à l’étranger, où ils gagnent en un week-end de garde l’équivalent d’un mois de salaire à Madagascar », déplore un professeur.
Les internes en médecine et les internes qualifiants réclament de meilleures conditions de stage et de travail. Ils annoncent le maintien du service zéro jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.
Miangaly Ralitera