Alea jacta est. Le sort en est jeté. Le Premier ministre de la Présidence de la Refondation de Madagascar a été nommé hier à Iavoloha en la personne de Herintsalama Rajaonarivelo. Si on s’attendait à une nouvelle espèce pour changer tout le système comme les manifestants de la Gen Z le réclamaient, on a eu droit à quelqu’un plutôt bien connu dans le monde des affaires que dans les arcanes politiques. Ancien président du Fivmpama, président du Conseil d’Administration de la BNI Madagasikara avant sa nomination, il ne passe donc pas pour un jeune premier. Au contraire, comme la puissance en affaires a contracté un mariage de raison avec le pouvoir politique pour la sécurité des « investissements », on retrouve presque les mêmes personnalités dans les grandes occasions. Et les réseaux sociaux sont très prompts à montrer « dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es ». Des vidéos, des photos tournent en boucle sur tous les supports à titre de préjugés, sinon de preuves.
En principe, selon la Constitution, c’est le groupe parlementaire majoritaire qui propose le nom du Premier ministre au Président. Certains députés le contredisent. Le choix a d’ailleurs fait de vifs débats à l’Assemblée nationale. Soit on accepte le préféré de la minorité, soit on dissout l’Assemblée nationale, entendait-on dans les travées de Tsimbazaza.
Tout compte fait, la suspension de la Constitution, la dissolution de l’Assemblée nationale, du Sénat, de la HCC, de la Ceni, de la HCJ… aurait donné plus de marge de manœuvre au colonel Michaël Randrianirina. Dire qu’il s’agit d’un transfert légal de pouvoir n’est qu’un euphémisme. C’est un coup d’État, quoi qu’on dise et quoi qu’il en coûte. Que les projets s’arrêtent, que les subventions étrangères soient suspendues, que le partenariat avec les bailleurs de fonds se termine, on ne peut pas être plus pauvre, la situation ne peut pas être pire. À quoi servent des financements détournés à d’autres fins et grèves les dettes déjà colossales ?
Maintenant, les choses se compliquent avec les mille et une revendications adressées au Capsat, l’impossibilité de trancher dans le vif étant donné que tout le monde s’est réconcilié grâce à un coup d’État factice.
À preuve, le TGV réclame une discussion autour d’une table alors qu’on le croyait anéanti.
Le nouveau Premier ministre a ainsi du grain à moudre. S’il a montré, durant son parcours professionnel, ce qu’il a dans le crâne, il doit montrer cette fois son cran et ce qu’il a dans le ventre. Autrement dit, être un Premier ministre Grand Modèle. Et pas seulement physiquement.
Sylvain Ranjalahy