Mots de 1972, maux de 2025

Le 27 juillet 1972, deux mois après avoir reçu les «pleins pouvoirs», le général Ramanantsoa exposait dans un discours-programme radio-télévisé la politique générale du nouveau Gouvernement. 

Voilà 53 ans, ce discours annonçait en quelque sorte les ancêtres de l’actuelle «REFONDATION». Il était en effet déjà question de développement, de RECONSTRUCTION nationale, de restauration de la dignité nationale. Le général invoqua des mots forts - sacrifices, abnégation, efforts, courage - censés «hâter l’avènement d’une ère de prospérité et d’égalité». 

D’autres mots ont conservé une résonance très actuelle : «défi à la pauvreté, à l’ignorance, à l’injustice, à la malhonnêteté». Le bilan de ces années, 1972-1975, reste à faire mais il est intéressant de noter que les débats ultérieurs semblent n’avoir jamais remis en question une promesse d’alors : «Propres nous sommes entrés, propres nous sommes, et propres nous demeurerons. Le pouvoir n’est pas une occasion de nous enrichir mais de servir avec toute la force de notre être». 

(citation)

Le Gouvernement que je dirige est formé de militaires et de techniciens, ce qui n’a pas manqué de donner lieu à des interprétations diverses. En effet, d’aucuns se sont laissés aller à assimiler militaire et arbitraire. Or, mon Gouvernement a été constitué sous le double signe du dialogue avec le peuple, les intellectuels, la jeunesse et de la volonté de réparer toutes les injustices sociales. 

Il n’est pas question de nous laisser enfermer dans la fausse dialectique du choix entre les philosophies d’importation que certains romantiques de la révolution verbale voudraient imposer à notre peuple.

Nous sommes Malgaches, et nous voulons préserver notre personnalité et nos valeurs propres de tous les courants idéologiques (...) Loin des sentiers stériles des différentes options théoriques, l’action de mon Gouvernement sera guidée et animée par la seule recherche de l’intérêt national sous l’égide d’un réalisme conforme aux voeux du plus grand nombre.

Douze années, après le 26 juin 1960, que constatons-nous après analyse sans complaisance de la situation ?

Une économie, dont la maîtrise nous échappe et dont la croissance largement absorbée par la démographie et la hausse des prix, ne profite qu’à une minorité ; un fossé qui s’élargit entre les nantis et les déshérités, entre les villes et les campagnes ; un système d’enseignement attardé et inadapté aux réalités, aux besoins du pays ; surtout, chose grave, une altération profonde de la morale dans la vie publique comme dans le domaine des affaires. 

Devant cet état de choses, il n’est plus possible de se contenter d’expédients, ni de solutions de fortune. Faute de mesures radicales et de véritables mutations, au niveau des institutions et des esprits, la situation ne peut que s’aggraver. 

Développement du Sud : une attention particulière et soutenue sera consacrée au Sud qui a douloureusement souffert et de tous temps, de l’oubli et de la désaffection des hommes.

Agriculture : Il est certes nécessaire d’augmenter la production et mon Gouvernement assumera pleinement son rôle en prenant les mesures indispensables dans le domaine du crédit agricole et du désenclavement des zones de production. Mais il ne suffit pas de produire. Il est non moins indispensable que les paysans puissent vendre leur production et tirer tout le profit de sa valorisation. 

Artisanat : L’artisanat doit recouvrer ses lettres de noblesse aussi bien pour procurer des revenus substantiels que pour remplir des fonctions utiles dans la vie économique de chaque village. Dans les milieux urbains, et quel que soit leur métier, les artisans devront se grouper pour constituer des unités de fabrication qui prendront une part active aux activités semi-industrielles. 

Industrialisation : priorité aux entreprises de transformation qui créeront le plus grand nombre d’emplois tout en valorisant la production nationale, notamment agricole et minière. 

Enseignement, Art et Culture : L’enseignement a été pendant trop longtemps un facteur d’aggravation des déséquilibres économiques et sociaux. Aussi, l’objectif doit-il être à la fois de démocratiser et de malgachiser d’une façon intelligente et réaliste. 

Réforme des structures administratives et gouvernementales : une place prépondérante à l’Aménagement du territoire et au Développement rural. Une de nos prochaines actions tendra à étudier une nouvelle structure du Fokonolona et de la Commune en tenant compte de notre personnalité malagasy. 

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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