Depuis jeudi, ce secteur s’impose comme l’épicentre de la contestation. Malgré l’annonce d’une mobilisation générale à Antananarivo, l’essentiel des affrontements s’est concentré dans ce périmètre.
Comme depuis le début de la semaine, Tsiazotafo a servi de point de ralliement. Dès 11 heures, des centaines de manifestants s’y sont regroupés. Les forces de l’ordre sont intervenues vers midi. Les premiers jets de gaz lacrymogène ont ouvert une longue journée de heurts. À Behoririka, les protestataires avaient pris position sur le pont avant d’être dispersés. Retraités vers Ankadifotsy, ils ont dressé des barricades pour bloquer la circulation. Les forces de sécurité les ont vite démantelées et poursuivi les manifestants jusque dans les ruelles.À Besarety, les contestataires ont bloqué les axes routiers, notamment la voie menant à Avaradoha. Il a fallu près de deux heures aux Forces de défense et de sécurité (FDS) pour reprendre le contrôle. Les éléments de l’État-major mixte opérationnel (Emmo) ont mené une manœuvre coordonnée. Un groupe a surgi par l’axe Mahavoky-Besarety. Un autre, composé en grande partie de la Force d’intervention de la Police (FIP), déjà positionné près du collège Rasalama, a repoussé les manifestants. Pris en étau, ces derniers se sont dispersés dans les ruelles. Les FDS ont continué leur traque pour empêcher toute remobilisation.
Plus au nord, des groupes venus d’Andravoahangy ont tenté de marcher vers Ambodivona. À plusieurs reprises, leur progression a été stoppée par des patrouilles qui ont utilisé des gaz lacrymogènes. Les manifestants se sont reformés à chaque repli, jusqu’au carrefour d’Antanimena et d’Ankorondrano, avant d’être dispersés.
Une capitale quadrillée
Dans d’autres quartiers, la matinée est restée calme. À Anosy et Mahamasina, aucun incident n’a été signalé jusqu’en début d’après-midi. Les forces de l’ordre avaient installé un barrage stratégique à Ambohidahy, près de l’État-major de la Marine nationale. Vers 14 heures, de petits groupes ont été signalés à Mahamasina et Anosikely. Leur dispersion, à coups de gaz lacrymogènes, a provoqué des incidents près du CHU Joseph Raseta Befelatanana. Médecins et gardes-malades ont protesté contre les heurts si proches de l’hôpital.
Pour cette journée, l’Emmo avait annoncé une stratégie modifiée : empêcher tout attroupement avant qu’il ne prenne de l’ampleur. Des fouilles systématiques ont été effectuées sur les motos, les véhicules et les sacs des passants circulant près des points sensibles. La tactique a eu un effet partiel. Les dispersions rapides ont empêché les regroupements massifs dans plusieurs quartiers, mais ont concentré l’essentiel de la mobilisation dans le troisième arrondissement.
À la tombée de la nuit, les foyers de contestation avaient été contenus. La Gen Z a annoncé une nouvelle mobilisation pour ce jour.
Tsilaviny Randriamanga