Suspendu vendredi, le mouvement étudiant reprend de plus belle ce samedi, avec un appel à la grève générale. Cette stratégie vise à élargir le soutien populaire.
![]() |
Lors de la dernière marche du mercredi, les manifestants se sont rassemblés sur la Place du 13-Mai devant le stade municipal. |
Les étudiants d’Antsiranana s’engagent désormais à sensibiliser la population afin d’obtenir une adhésion plus large à leur cause, axée sur la lutte pour de meilleures conditions d’études universitaires et de gouvernance. Jeudi, des divergences d’opinion ont émergé au sein de leur collectif: certains souhaitaient la fermeture des commerces, des administrations et de toutes les écoles dès vendredi, tandis que d’autres préféraient respecter les droits de chacun et ne pas porter atteinte aux sources de revenus.
Finalement, tard dans la nuit de jeudi, après une grande assemblée générale, les présidents des associations étudiantes, réunis au sein du collectif des étudiants représentant quinze régions différentes, ont publié une déclaration annonçant une mobilisation générale pour le samedi afin de poursuivre leurs revendications. Ils ont ainsi appelé à la fermeture des magasins, à l’arrêt des taxis-bajaj et à la suspension de toute activité sur le campus universitaire, toutes filières confondues. Cette décision a particulièrement attristé certains étudiants qui devaient présenter leur mémoire à cette période.
Apolitique
Par ailleurs, les manifestants exhortent la population, ainsi que toutes les personnes de bonne volonté, à soutenir leur mouvement. En revanche, ils insistent sur la nécessité de suspendre toute aide financière ou matérielle provenant de soutiens extérieurs, afin d’éviter les infiltrations, les manipulations et d’instaurer un climat de confiance mutuelle.
Le collectif souligne, toutefois, le caractère apolitique de leur combat, affirmant qu’il s’agit d’une revendication pour les droits fondamentaux et la dignité des étudiants. Cependant, les observateurs ont noté que les manifestations de la semaine écoulée ont clairement montré que les revendications ne concernaient plus uniquement l’eau et l’électricité, mais aussi la démission du président Andry Rajoelina, comme en témoignent les slogans, les chants et les pancartes brandies.
Il convient de noter, au passage, que lors de leur dernière marche, certaines figures politiques se sont jointes à la mobilisation, amplifiant la contestation durant un meeting organisé devant les pavillons des marchands de friperies. En prenant un mégaphone, un notable très connu a profité de cette occasion pour déclarer son soutien au mouvement étudiant et galvaniser la foule à réclamer la démission du chef de l’État. Mais les commerçants, notamment au pavillon « Tsy Lany Tsara», dénoncent une atteinte à leur subsistance, paralysée depuis une semaine.
« Les manifestants ne devraient pas exercer de pressions sur autrui, mais respecter aussi le choix des autres, car il n’a aucun sens de lutter contre la répression tout en imposant à d’autres de ne pas travailler et de descendre dans la rue », ont-ils réagi.
Tous les regards sont désormais tournés vers ce samedi, journée décisive pour la suite du mouvement.
Raheriniana