Rééditée plus de trente ans après sa première parution, La peinture malgache de Hemerson Andrianetrazafy fait son entrée dans une librairie française.
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| « La peinture malgache » a fait rayonner le patrimoine artistique de Madagascar. | 
Voir son manuscrit reprendre vie, trois décennies après, est pour tout chercheur un accomplissement rare. Publié pour la première fois en 1991 par les éditions Foi et Justice, La peinture malgache de Hemerson Andrianetrazafy s’était rapidement imposée comme une référence, avant de disparaître des rayons. Aujourd’hui, grâce au Fonds Yavarhoussen, ardent défenseur du patrimoine artistique malgache, l’ouvrage connaît une nouvelle édition enrichie, toujours chez Foi et Justice, sous la direction de Nicolas Pesle.
Cette republication, fruit d’un engagement pour la mémoire et la transmission, souligne la valeur intemporelle du travail de Hemerson Andrianetrazafy, enseignant-chercheur à l’Université d’Antananarivo et Secrétaire perpétuel de la section Arts et Lettres de l’Académie malgache. Artiste plasticien et titulaire d’un D.E.A. en Histoire, il s’est imposé comme l’un des pionniers de la réflexion sur la place des peintres dans la société malgache contemporaine. Ses analyses sur la marginalisation des artistes et la tension entre académisme et modernité conservent une résonance actuelle.
Regard actualisé
La réédition comprend un chapitre inédit intitulé « Monde de la peinture à Tananarive : artistes malgaches, formateurs et commanditaires vazaha », un nouvel avant-propos et une iconographie enrichie. Elle offre ainsi un regard actualisé sur un monde où les rapports entre artistes, clients et revendeurs traduisent les réalités sociales et économiques d’une époque.
Si, depuis la première publication, les recherches sur la peinture malgache ont évolué – notamment avec la thèse de Pauline Monginot, également soutenue par le Fonds Yavarhoussen –, cette réédition témoigne de la complémentarité de leurs approches et de la pérennité du travail de Hemerson Andrianetrazafy.
Son étude, menée avant l’incendie du Rova d’Antananarivo en 1995, demeure une ressource précieuse : elle documente des œuvres majeures du Palais de la Reine et du Tranovola, certaines aujourd’hui disparues.
Cette reconnaissance dépasse désormais les frontières. Lors de la foire d’art contemporain et de design consacrée aux artistes d’Afrique et de la diaspora, AKAA ou Also Known As Africa, au Carreau du Temple, qui avait lieu à Paris du 24 au 26 octobre, La peinture malgache a figuré parmi les ouvrages présentés dans un espace inédit mêlant culture et convivialité, créé par la librairie Présence Africaine et le café-restaurant Diasporas. Ce lieu de rencontre a valorisé la richesse artistique et patrimoniale de Madagascar, confirmant la place de l’île sur la scène artistique africaine et mondiale.
Cassie Ramiandrasoa
