LE GÉNÉRAL RUPHIN ZAFISAMBO, PREMIER MINISTRE - Six mois pour faire ses preuves

Le général Fortunat Dimbisoa Zafisambo Ruphin est nommé Premier ministre. Selon le président de la République, il dispose de six mois pour faire ses preuves.

Le général Zafisambo Ruphin, nouveau Premier  ministre, a une obligation de résultat rapide.

C’est fait. Après une semaine de cogitations et de tractations, le nouveau Premier ministre est connu. Il s’agit du général de division Fortunat Dimbisoa Zafisambo Ruphin. Issu de la 8e promotion du peloton spécial de l’Académie militaire d’Antsirabe, il dispose de six mois pour apporter des résultats probants.

L’annonce de la nomination du nouveau chef du gouvernement a été faite par Andry Rajoelina, président de la République, hier soir, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée au palais d’État d’Iavoloha. Une cérémonie à laquelle ont assisté les députés du groupe parlementaire majoritaire, Irmar, ainsi que ceux des deux groupes parlementaires composés d’indépendants qui sont leurs alliés.

Cette décision intervient après la dissolution de la précédente équipe gouvernementale, le 29 septembre, à la suite des manifestations initiées par la Gen Z. Des mouvements pour dénoncer la pénurie d’eau et d’électricité au départ, avant que les revendications ne prennent un virage politique. Le locataire d’Iavoloha souligne que cette décision de dissoudre le gouvernement est « pour enclencher une réforme de la gouvernance, pour renouveler, corriger et améliorer les méthodes de gestion publique ».

À entendre l’allocution présidentielle, « rétablir la confiance du peuple, redresser l’économie et améliorer le quotidien de la population » est la mission confiée au nouveau locataire de Mahazoarivo. 

« Comme la population a besoin de visibilité, un plan d’action de six mois sera mis en place. Si les objectifs posés sont atteints, vous poursuivrez le travail. Dans le cas contraire, nous allons prendre les décisions qui s’imposent », déclare Andry Rajoelina, s’adressant au nouveau Premier ministre.

La conjoncture étant, le fait que le nouveau locataire de Mahazoarivo soit un militaire fait partie des options privilégiées par les analystes et observateurs depuis la dissolution de l’équipe gouvernementale. Un choix pour reprendre rapidement en main la situation nationale, notamment en matière d’ordre et de sécurité. « Le rétablissement rapide de l’ordre public » est une des priorités soulignées par le président de la République dans son discours.

Renouveau attendu

Toujours d’après les mots du Chef de l’État, outre le rétablissement de l’ordre public, les axes de priorité du général Zafisambo Ruphin sont de solutionner rapidement les problèmes d’eau et d’électricité, de redresser l’économie, d’améliorer les conditions de vie des jeunes, notamment dans les universités. Le Président met également un accent particulier sur « une lutte rigoureuse contre la corruption sous toutes ses formes, l’assainissement de l’administration publique et la mise en place d’une gestion transparente des affaires publiques ».

La première tâche à laquelle devra s’atteler le nouveau locataire de Mahazoarivo sera toutefois de composer une nouvelle équipe gouvernementale. La Constitution prévoit, en effet, que « sur proposition du Premier ministre », le Chef de l’État nomme les ministres ou met fin à leurs fonctions. Sur ce point, Andry Rajoelina pose également ses conditions. Les futurs membres du gouvernement devront être « des personnalités intègres, compétentes et efficaces, prêtes à servir l’intérêt général ».

Cependant, une autre condition s’impose aussi à la sélection du nouvel effectif gouvernemental : l’ouverture politique. Ce point a été mis en avant par le groupe Irmar pour convaincre les indépendants d’adhérer au processus de désignation du nouveau Premier ministre. Selon l’article 54 de la Loi fondamentale, « le président de la République nomme le Premier ministre, présenté par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l’Assemblée nationale ».

Dans une démarche d’apaisement, l’Irmar a voulu convaincre l’ensemble des groupes parlementaires de présenter ensemble un Premier ministre de consensus. Pour cela, les Oranges ont abattu la carte de l’ouverture politique du gouvernement. Le groupe d’opposition FIRaisankina a toutefois claqué la porte des négociations, préférant appeler ses partisans à renforcer les manifestations dans la rue.

Le refus du FIRaisankina d’adhérer au processus de nomination du nouveau Premier ministre n’est pas une surprise, compte tenu des hostilités entre le pouvoir et l’opposition. À peine nommé, justement, le fait qu’il soit un des proches collaborateurs de son prédécesseur, Christian Ntsay, depuis 2019, lui attire déjà les foudres des opposants. D’abord secrétaire général adjoint du gouvernement, l’officier général a été directeur de cabinet militaire du Premier ministre sortant, avant sa nomination pour lui succéder.

Le général Zafisambo Ruphin devra surtout convaincre l’opinion publique, notamment ceux qui descendent quotidiennement dans la rue depuis le 25 septembre. Convaincre qu’il incarne vraiment la rupture avec les pratiques jugées désuètes et inefficaces. Le Président lui affirme en tout cas sa confiance en déclarant : « Je crois que vous saurez apporter du renouveau au mode de fonctionnement du gouvernement. Que vous serez ferme face à ceux qui veulent faire obstacle au développement du pays. » Il a donc six mois pour faire ses preuves.

Garry Fabrice Ranaivoson

4 Commentaires

  1. MILA ADY ! C'est une provocation . Les propos de Rajoelina traduisent son état d'esprit de tyran sanguinaire en nommant un militaire " pour rétablir l'ordre ..." . Les partenaires techniques financiers apprécieront . La Gentillesse Z ne doit pas céder et ce mouvement n'a pas intérêt à s'essouffler !

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  2. L'art du compromis est à faire valoir pour tout le monde.
    Ce n'est pas une transition,ni une improvisation à tout qui pourrait sortir le pays de ce tumulte anxiogène.
    La réalité demande beaucoup d'humilité , de lucidité et du sang-froid dans une perspective d' intérêt national.


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    1. Un tyran sanguinaire qui nomme un général dans une ambiance de répression féroce , c’ est un signal pour instaurer une dictature !

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  3. Humilité de la part d'un militaire, "diplômé" de Antsirabe ! Sacre référence !
    Si vous ajoutez lucidité et sans froid ?
    Le résultat sera soyez en sûr ?
    Au delà des "espérances" des gens qui manifestent et le DJ prézident qui dit avoir écouté les manifestants ?
    Ou comment prendre les malgaches pour des imbéciles ?
    Veloma

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