INKTOBER - L'actualité nationale s'invite dans l'art visuel

Chaque mois d'octobre, les artistes du monde entier participent à Inktober, un défi autour du dessin à l'encre. À Madagascar, les illustrateurs y reflètent l'actualité brûlante du pays.

L'œuvre de Dina Mitia Rabearivelo, publiée hier, illustre la situation actuelle.

Né en 2009 sous l'impulsion de l'illustrateur américain Jake Parker, le concept Inktober s'est imposé comme un rendez-vous incontournable pour les créatifs visuels du monde entier. Chaque jour d'octobre, un thème est proposé et les artistes relèvent le défi en publiant leurs créations, principalement en noir et blanc, sur les réseaux sociaux. 

À Madagascar, l'édition 2025 prend une résonance particulière. Sleeping Pop, artiste et illustratrice, a lancé une série de thématiques en prise directe avec l'actualité nationale : corruption, bombe, taninjanaka, délestage, fihavanana, liberté, autant de mots lourds de sens dans un contexte marqué par la contestation sociale. « Ceux qui ne savent toujours pas : Madagascar est en grève. Chaque jour, les droits fondamentaux sont bafoués. La jeunesse s'est levée et demande justice. Chacun prend part comme il peut : Inktober est une façon pacifique de manifester à travers l'art », explique-t-elle.

Des artistes confirmés comme Dina Mitia Rabearivelo, Robinson Yves ou R-Aly se sont rapidement emparés du défi. 

Catalyseur de réflexion

Hier encore, R-Aly a publié son interprétation du premier thème, Moustache, et a décrit sa création comme « une touche de mystère, une courbe d'élégance et un soupçon de rébellion sur la lèvre supérieure ». 

Selon Yasmine Fidimalala, cette effervescence révèle le rôle fondamental des artistes dans une société en tension : « L'artiste est un témoin de son temps, un catalyseur de réflexion et un créateur de sens. Par des œuvres engagées, il peut toucher un large public et sensibiliser à des causes majeures. Même si les manifestations se dissipent, l'art reste comme témoignage d'une époque. » Cette appropriation citoyenne d'Inktober montre que, dans un pays où la liberté d'expression reste fragile, l'art visuel devient un langage universel, capable de rassembler et de résister. Plus qu'un défi créatif, c'est un mouvement collectif qui raconte Madagascar autrement, au trait d'encre et à l'ombre des pinceaux.

Nicole Rafalimananjara

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