GESTION BUDGÉTAIRE - Les dépenses non prioritaires mises en pause

Le Premier ministre Herintsalama Rajaonarivelo.

Le nouveau Premier ministre, Herintsalama Rajaonarivelo, a pris, dès sa nomination le 20 octobre 2025, des mesures strictes pour sécuriser les finances publiques. Une instruction officielle datée du 21 octobre suspend toutes les dépenses jugées non prioritaires pour le reste de l’année budgétaire, afin de garantir le paiement des salaires, pensions et autres fonctions essentielles de l’État.

Selon le texte, seuls les crédits liés à l’alimentation et à la subsistance des structures publiques sont maintenus. Sont gelés tous les achats de fournitures, de mobilier, de matériel informatique, ainsi que les missions, séminaires, voyages et événements officiels. Les nouveaux projets d’infrastructures et marchés publics non encore engagés, de même que certains fonds spéciaux et subventions discrétionnaires, sont également suspendus.

Le Premier ministre a demandé au Grand Argentier de bloquer toutes les lignes budgétaires : budgets ministériels, fonds spéciaux et budgets des établissements publics. Seules les dépenses indispensables et déjà engagées pourront être honorées. Cela concerne le paiement des salaires et indemnités des fonctionnaires, les subventions aux enseignants FRAM, les pensions et bourses, ainsi que l’approvisionnement en nourriture et en bois de cuisson pour les détenus, les forces armées et le bétail de l’État, sans oublier le remboursement de la dette publique et les dotations aux centres de santé de base (CSB). Certains transferts au secteur de l’énergie et des projets d’investissement dans l’eau et l’énergie financés sur fonds internes restent également autorisés.

Il faut savoir que le budget total pour 2025 s’élève à 14 408,87 milliards d’ariary, dont 5 628,4 milliards de recettes fiscales, 4 366 milliards de recettes douanières, un déficit de 3 626,4 milliards (soit 4,6 % du PIB) et 3 714,3 milliards de financements extérieurs.

Inventaires et rigueur budgétaire

Chaque ministère et organisme public doit dresser un inventaire complet de ses biens et ressources — mobilier, véhicules, équipements informatiques et dossiers en cours. Aucun haut responsable ne pourra quitter le territoire sans autorisation avant la réalisation des audits et passations de service, dans un délai maximal de trois mois. L’objectif est de préserver le patrimoine de l’État et de garantir la continuité du service public malgré cette période d’austérité.

Les fonds spéciaux, souvent critiqués pour leur manque de transparence, ont financé des projets dans les domaines de l’énergie, des infrastructures et de la gestion des crises — notamment la réhabilitation de la centrale thermique de 105 MW et les mesures d’urgence pour faire face aux pénuries d’eau et d’électricité, comme l’ont souligné les rapports présentés en Conseil des ministres.

Cette décision constitue un véritable tour de force en matière de gouvernance. Elle vise à prévenir les dérives financières durant la transition politique et à instaurer une gestion responsable des deniers publics, tout en préparant l’administration à un redressement durable et à une meilleure planification des dépenses publiques.

Irina Tsimijaly

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