EXÉCUTIF - Un cabinet à teinte politique

La nouvelle équipe gouvernementale, forte de vingt-neuf ministres dont dix femmes, a été dévoilée hier à Iavoloha. Composée en partie de figures politiques bien connues, elle devra rapidement faire ses preuves.

Le nouveau gouvernement compte vingt-neuf  ministres dont dix femmes.

Un mélange de politiciens et de techniciens. Au premier regard, c’est ce qui pourrait définir le visage du nouveau gouvernement. Cependant, les figures connues qui la composent donnent une teinte sensiblement politique à la nouvelle équipe conduite par Herintsalama Rajaonarivelo, Premier ministre.

Le nouveau gouvernement compte vingt-neuf cabinets, dont un ministère d’État auprès de la présidence chargé de la refondation. Sur ces vingt-neuf portefeuilles ministériels, dix sont dirigés par des femmes. Il est midi lorsque les nouveaux ministres ont fait leur entrée dans la salle des ambassadeurs du palais d’État d’Iavoloha, hier. Dès les premiers instants de l’événement, c’est la présence de plusieurs figures connues de la scène politique qui a marqué les journalistes.

Au premier rang et ayant le titre de ministre d’État auprès de la présidence chargée de la refondation figure maître Hanitra Razafimanantsoa. La députée du premier arrondissement d’Antananarivo est l’un des ténors du parti « Tiako i Madagasikara » et du groupe parlementaire Firaisankina. Toujours au premier rang, on peut citer Christine Razanamahasoa, ancienne présidente de l’Assemblée nationale.

Ancienne ministre de la Justice durant la Transition entre 2009 et 2013, puis ministre de l’Aménagement du territoire au sein du gouvernement de consensus de 2018 à début 2019, Christine Razanamahasoa revient au sein de l’Exécutif et y siège en tant que ministre des Affaires étrangères. D’abord parmi les fidèles d’Andry Rajoelina, ancien président de la République, l’ancienne patronne de la Chambre basse s’est rebiffée en 2023.

Christine Razanamahasoa avait alors pris la tête du mouvement PAN-FFKM dont l’objectif était de repousser la présidentielle prévue cette année-là au profit d’une réorganisation préalable du système politique. N’étant pas parvenue à atteindre cet objectif, elle s’est présentée aux législatives à Ambatofinandrahana, en 2024. Une candidature qui s’est soldée par un échec. Depuis, l’ancienne dame au perchoir s’était retirée de la scène politique, jusqu’à cette nomination au sein du gouvernement.

Demande de soutien

Assise au premier rang également, Fanirisoa Ernaivo, ancienne magistrate, connue pour avoir été l’une des principales opposantes aux précédents tenants du pouvoir, est nommée ministre de la Justice. Le général René de Rolland Lylison, gouverneur de la région Sofia, fait également partie des figures politiques du nouveau gouvernement. Il siège à la tête du ministère de l’Aménagement du territoire. Également ancien proche de l’ancien président, l’officier général s’est aligné aux côtés des militaires du Capsat lors de leur descente sur la place du 13 Mai, le samedi 11 octobre.

Dans la liste des visages politiques qui siègent au sein du gouvernement, il y a aussi Lucie Vololoniaina, conseillère municipale de la Commune urbaine d’Antananarivo, élue sous la bannière de la plateforme Firaisankina. Elle est l’une des trois conseillères municipales qui ont initié les manifestations anti-délestage et coupures d’eau, ayant conduit à la chute de l’administration Rajoelina. Dorénavant, elle dirigera le ministère du Tourisme et de l’Artisanat.

Dans la liste des noms connus de la scène politique au sein du nouveau gouvernement, bien que moins médiatisée, figure également la sénatrice Sidonie Raharinirina. Celle qui est fraîchement nommée ministre de la Population et de la Solidarité est un membre du parti « Malagasy Miara-Miainga » (MMM). À ses côtés, dans l’agencement protocolaire du gouvernement, il y a Alain Désiré Rasambany, secrétaire général du parti « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara » (HVM), nommé ministre de la Jeunesse et des Sports.

Le ministère de la Communication et de la Culture est également attribué à un politicien, à savoir le député O’Gascar Fenosoa Mandrindrarivony. L’élu du 3e arrondissement d’Antananarivo est à la tête du mouvement Gasikara. Bien que leurs noms résonnent moins que ceux des politiciens et que leurs visages soient pratiquement inconnus pour un ou deux, l’équipe gouvernementale est, de prime abord, majoritairement composée de techniciens.

Dans son allocution lors de la présentation des ministres, hier, le colonel Michaël Randrianirina, chef de l’État, a déclaré : « Avant la nomination des membres du gouvernement, une rencontre a eu lieu avec les forces vives de la nation afin de pouvoir prendre une décision mûrement réfléchie et équilibrée ». Afin d’éviter un grand bouleversement des prévisions budgétaires, notamment pour la répartition des crédits destinés aux ministères, « nous avons gardé la structure du précédent gouvernement, exception faite d’une légère modification », ajoute-t-il.

Pour anticiper probablement les éventuelles critiques sur le casting de l’équipe Rajaonarivelo, le colonel Randrianirina soutient que le gouvernement est chargé d’appliquer la politique tracée par la présidence de la Refondation de la République de Madagascar. « Beaucoup ont déposé leur dossier chez nous, souhaitant devenir ministres, mais les postes sont limités (…) Il est donc impossible que tout le monde en fasse partie. À nous tous, je demande de soutenir la décision que nous avons prise et de nous aider à faire avancer notre patrie », requiert-il.

Garry Fabrice Ranaivoson

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