DIANA - La commercialisation du khat en pleine expansion

Le marché du khat, de plus en plus structuré, s’ouvre désormais à d’autres villes du pays, notamment Mahajanga et la capitale, où la demande ne cesse d’augmenter.

Chaque jour, tous les métiers se rassemblent ici, au croisement d’Antsalaka,  pour la préparation des colis de khat.

Fini les emballages traditionnels en paniers : le khat est désormais conditionné dans des cartons normalisés, signe d’une modernisation du secteur. Chaque matin, dès l’aube, une activité fébrile s’installe au croisement menant vers la commune rurale d’Antsalaka. Sous les arbres, cultivateurs, intermédiaires, porteurs, emballeurs et étiqueteurs s’affairent à la préparation des envois. Les cartons, soigneusement préparés, sont étiquetés au nom des destinataires, tandis que des agents communaux viennent collecter la ristourne due à la commune rurale d’Antsalaka.

Ainsi, chaque jour, des taxis-brousse quittent discrètement Antsalaka, chargés de cartons de khat destinés à Mahajanga et à d’autres régions. Ce commerce, longtemps informel, s’impose désormais comme une véritable filière économique organisée, reflet d’un marché en pleine expansion dans le nord du pays.

Selon les explications recueillies sur place, chaque colis, d’une valeur comprise entre 200 000 et 300 000 ariary, est préparé avec soin, en attendant les taxis-brousse qui en embarquent au moins une vingtaine à destination. Les cartons sont perforés pour permettre la circulation de l’air, évitant que les feuilles ne se fanent durant le transport. Avant la fermeture, les expéditeurs ajoutent des feuilles vertes sur le dessus pour conserver la fraîcheur du produit. À première vue, ces colis ressemblent aux caisses servant au transport de poussins.

Particularité du système : aucun accompagnateur ne voyage avec les marchandises. Tout repose sur une relation de confiance entre les transporteurs et les propriétaires. Une fois à destination, notamment à Mahajanga, les destinataires récupèrent directement leurs colis à la gare routière.

Selon Andry, chauffeur d’un sprinter au sein de la coopérative Transbesady, cette collaboration entre transporteurs et commerçants date de plusieurs années. « Même lorsqu’il y a peu de passagers, on part quand même pour honorer nos engagements vis-à-vis de nos clients et pour éviter des pertes aux revendeurs », explique-t-il.

Le coût du transport s’élève à 30 000 ariary par carton, avec une capacité moyenne de vingt colis par trajet, pouvant atteindre soixante-quinze cartons lorsque le véhicule circule sans passagers. Certains chargements prennent même la route de la capitale.

Une plante qui nourrit l’économie

Pour le commerce régional, la Route nationale 6 s’anime dès l’aube. Des collecteurs venus de différentes régions affluent vers la commune rurale d’Antsalaka, considérée aujourd’hui comme le centre névralgique de la production. Puis, des dizaines de taxis-brousse chargés de soubiques de khat prennent la route vers les marchés d’Ambanja, de Nosy Be et de la ville d’Antsiranana.

À cela s’ajoute un commerce transfrontalier discret, car des lots de khat quitteraient régulièrement le territoire vers l’île de Mayotte, où la feuille verte se revend à prix fort.

Dans les communes productrices, « l’or vert » a transformé le quotidien. Il alimente un commerce rapide, basé sur la fraîcheur du produit, ce qui entraîne une logistique intense et réactive. Les revenus tirés de sa culture ont permis à de nombreuses familles d’améliorer leurs conditions de vie : construction de maisons, achat de véhicules, ouverture de petits commerces… Les producteurs témoignent qu’ils ont enfin une source de revenus stable grâce au khat, malgré l’absence de cadre légal clair.

Raheriniaina

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne