URGENCE AGOA - Madagascar multiplie les initiatives à Washington

À quelques semaines de l’expiration de l’Agoa, Madagascar intensifie ses démarches à Washington. Le textile et la vanille illustrent les enjeux d’un renouvellement urgent.

La délégation malgache, à Washington, qui se mobilise pour la réautorisation urgente de l’Agoa.

À Washington, la délégation malgache n’a pas perdu de temps. Représentants ministériels et responsables des douanes, accompagnés de grandes entreprises du textile et de la vanille, se sont réunis début septembre pour défendre une cause commune : la réautorisation rapide de l’Agoa, l’accord commercial clé entre les États-Unis et l’Afrique, qui expire le 30 septembre 2025.

À l’ambassade de Madagascar, une réunion de coordination a rassemblé plusieurs pays bénéficiaires, dont le Lesotho, le Kenya, la Tanzanie et Maurice. « Cette coordination vise à porter un message commun et fort aux décideurs américains », a déclaré l’ambassadrice malgache aux États-Unis, Solo Andry Lantosoa Rakotomalala.

Pour Madagascar, l’Agoa est un point essentiel de l’économie. Le textile, principal secteur d’exportation vers les États-Unis, a généré 733 millions de dollars en 2024 et emploie plus de 400 000 personnes, dont la moitié dans les zones franches autour d’Antananarivo et d’Antsirabe. L’imposition en avril 2025 de droits de douane américains de 47 %, contre 15 % actuellement, menace encore près de 60 000 emplois.

Le textile dépend directement de l’Agoa : les exportations vers les États-Unis constituent le cœur du secteur et garantissent des centaines de milliers d’emplois. Pour d’autres pays comme la Namibie et la Zambie, l’accord assure stabilité économique et investissements. La disparition de l’Agoa pourrait compromettre la diplomatie minière américaine et renforcer l’influence chinoise en Afrique.

Secteur en souffrance

Si le textile dépend directement du sort de l’Agoa, la vanille fait face à un défi d’une autre nature. Ce produit emblématique de Madagascar n’entre pas dans le champ de l’accord, mais il reste largement tributaire du marché américain. En 2023, 70 % des exportations malgaches de vanille, soit 143 millions de dollars, ont été écoulées aux États-Unis. Le secteur souffre d’une surproduction massive et d’une chute des prix. Le défi reste structurel : régulation, diversification et soutien aux producteurs pour éviter l’effondrement.

Selon Bob Job Wekesa, directeur de l’African Centre for the Study of the United States : « Beaucoup pensent que cet accord commercial est presque mort. Les optimistes prévoient que l’accord sera prolongé pour au moins dix ans. Selon eux, malgré quelques insuffisances, l’Agoa a globalement été bénéfique pour les États-Unis et l’Afrique, et bénéficie d’un soutien bipartisan. Pourtant, la législation a déjà été renouvelée plusieurs fois, parfois de manière substantielle, et le commerce Afrique–États-Unis ne représente qu’environ 1 % du commerce américain mondial, ce qui pourrait orienter l’attention des États-Unis vers leurs principaux concurrents. »

L’Agoa joue aussi un rôle stratégique indirect sur les minerais. Les pays bénéficiaires détiennent d’importantes ressources : 70 % du manganèse, 89 % des platinoïdes, 54 % du cobalt, 23 % du graphite et 10 % du cuivre, selon le CSIS. 

Irina Tsimijaly

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