Un bilan provisoire des émeutes survenues jeudi et hier à Antananarivo-ville et dans le district d’Atsimondrano fait état de six morts et de quatre-vingt-six blessés.
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Les Forces de l’ordre déployées pour chasser les émeutiers. |
Dans la cour de la morgue du Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHUJRA), hier, Nicolas Rakotonirina, père de quatre enfants, semblait vidé par le chagrin. Sa femme, victime collatérale des émeutes qui ont secoué la capitale jeudi soir, fait partie des six personnes dont le décès a été confirmé par l’établissement hospitalier.
Le CHUJRA a également recensé quatre-vingt-six blessés, selon un bilan provisoire communiqué hier à la mi-journée. Ce chiffre n’inclut pas les deux personnes tuées par balle à Andranoro Ambohibao, dont les corps n’ont pas encore été comptabilisés dans la liste officielle.
Nicolas Rakotonirina se souvient avec douleur de cette soirée. Lui et son épouse quittaient le marché de Mahamasina, où ils travaillent comme vendeurs, pour regagner leur domicile à Anosibe.
En approchant du chemin de fer, ils ont aperçu un attroupement et des forces de l’ordre. Puis des tirs ont éclaté.
Victimes malgré eux
Pensant d’abord à des grenades lacrymogènes, Nicolas n’a pas réagi immédiatement. Mais la panique s’est emparée de la foule, qui s’est dispersée dans toutes les directions. Sa femme lui a alors murmuré qu’il ne s’agissait pas de gaz, mais bien de coups de feu.
Dans la confusion, le couple a tenté de fuir, tête baissée. C’est à ce moment-là que sa femme s’est effondrée. Nicolas a d’abord cru à une chute banale. Mais en touchant sa tête, il a senti du sang. Transportée en urgence au CHUJRA, elle respirait encore à leur arrivée. Elle a subi une intervention chirurgicale, mais n’a pas survécu. Son corps sera inhumé à Ambohimandroso, Vakinankaratra.
Le même soir, au même endroit, le frère âgé de 22 ans de Jacquis Solofo Rasamimanana a également perdu la vie. Déjà rentré chez lui, il était ressorti pour observer les événements. Il a été touché par un tir et n’a pas survécu. Vendeur de papaye, il laisse une épouse enceinte, actuellement à Antsirabe.
Dans la morgue, quatre autres corps attendaient une identification. L’une des victimes aurait été percutée par une moto dont le conducteur ne voyait plus rien à cause de la fumée provenant de pneus brûlés sur la route de 67ha vers Ampasika. Une autre personne a été retrouvée carbonisée dans un magasin à Ankazomanga. Le dernier corps arrivé était celui d’un jeune homme abattu à Tanjombato.
Quant aux blessés, ils sont pris en charge selon la gravité de leurs blessures, a indiqué le docteur Mamisoa Judicaël Rakotonaivo, adjoint chargé des affaires techniques du CHUJRA.
Gustave Mparany