De ses racines populaires à ses sacres nationaux, le FT de Manjakaray s’impose comme une dynastie du rugby malgache.
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Les rugbymen de Manjakaray sont des habitués des trophées ces trois dernières années. |
Fondé en 1974, le « Fikambanan’ny Tanoran’i Manjakaray » (FTM) n’est pas un club comme les autres. Dans le quartier populaire de Manjakaray, à Antananarivo, le rugby n’est pas qu’un sport : c’est une identité collective, un ciment social et un outil de rassemblement réunissant les habitants du quartier.
Depuis plus de quarante ans, le FTM est de toutes les batailles, formant ses jeunes sur le terrain comme dans la vie. « Nous sommes un club très structuré. Avec les « Raiamandreny», nous veillons à l’éducation de nos joueurs. Chacun est suivi individuellement, de la santé à la performance », explique le président Ashock Nunkomar, en poste depuis 2014.
C’est cette même année que le FTM signe son premier coup d’éclat majeur, en décrochant le titre de champion d’Analamanga face au 3FB, au bout d’un match plein de suspense (29-28). Depuis, la progression est constante : champion de Madagascar en 2023 et 2024, vainqueur du Top 8 en 2023, finaliste de la Coupe de Madagascar la même année, et sacré en Super Coupe 2024.
Le palmarès impressionne et consacre le club parmi les références du rugby malgache.
Plus qu’un club, une institution
Mais ce succès ne se construit pas sans sacrifices. Le président Ashock Nunkomar finance presque seul la vie du club. Entre repas, équipements, primes, médicaments et collations, ce sont plus de 14 millions d’ariary qui sortent chaque mois de sa poche pour faire tourner le club. « Pour faire face aux dépenses courantes du club, j’ai ouvert une grande poissonnerie à Manjakaray. Les recettes servent directement au fonctionnement du club », confie-t-il, preuve de sa passion et de son abnégation.
Pour le FTM, la formation et la rigueur dans le travail restent les maîtres-mots. Le coach Antonio Andrianiaina Rabearison, alias coach Kaiza, mise sur les jeunes du quartier pour assurer la pérennité du groupe. La politique du club repose sur un suivi rigoureux et un encadrement collectif, impliquant dirigeants, éducateurs et familles.
Mais l’avenir n’est pas sans défis : douze joueurs ont quitté le club en fin de saison, mettant en lumière l’éternel problème de fidélisation et de moyens. Le FTM peut toutefois compter sur le soutien indéfectible de son président. « Le rugby coule dans les veines du quartier. Cet amour pousse nos joueurs à se dépasser quand ils sont sur le terrain », affirme coach Kaiza.
Le président du Fokontany, Marcellin Tiana Harijaona, se tient aux côtés de l’équipe durant chaque compétition, tandis que le vice-président du club, Jean Martin Rakotovao, veille à maintenir le cap. « Nos joueurs sont plus complets que leurs adversaires. C’est à nous, les dirigeants, de les encourager et de les pousser à donner le meilleur d’eux-mêmes sur le terrain », assure le vice-président, convaincu du potentiel du groupe.
Au-delà du rugby à XV, le FTM reste un acteur polyvalent du sport malgache, avec des sections en football, handball et basketball. Sa vocation dépasse le cadre des compétitions : il est un pilier éducatif et social pour la jeunesse du quartier.
Avec ses deux sacres nationaux consécutifs, son ancrage populaire et une organisation solide malgré les contraintes financières, le FT Manjakaray s’impose aujourd’hui comme l’un des clubs les plus mythiques du rugby malgache. Plus qu’une équipe, c’est un empire.
Donné Raherinjatovo