PROSH ELY - « Transmettre le Kaiamba aux générations actuelles est difficile »

À l’occasion de la 19e édition du festival Angaredona à Ambohimanga Rova, le groupe Kaiamba revient sur scène pour transmettre le patrimoine musical malgache aux jeunes.

Prosh Ely, figure emblématique de Kaiamba.

Kaiamba, formation mythique née dans les années 70, participera ce jour à la 19e édition du festival Angaredona à Ambohimanga Rova. Aujourd’hui réunis en association, les membres de Kaiamba, qui ont marqué l’histoire de la musique malgache, se succéderont sur scène pour faire résonner leur répertoire et témoigner d’une époque où la création artistique se nourrissait d’une rigueur méthodologique rarement égalée. « Transmettre notre style aux générations actuelles n’est pas facile», confie Prosh Ely, figure emblématique de Kaiamba et originaire de l’Atsimo Atsinanana. 

Selon lui, la différence réside dans la façon de concevoir une chanson. 

« Aujourd’hui, un jeune peut écrire une chanson le soir et l’enregistrer en studio le lendemain. Mais à notre époque, rien n’était improvisé. Chaque texte passait par un véritable parcours : il fallait le présenter à la famille, aux professionnels, recueillir des critiques constructives avant de le valider. La musique se construisait patiemment, avec exigence, sans se reposer sur les artifices électroniques », explique-t-il.

Création musicale

À travers ce témoignage, Kaiamba met en lumière une réalité : la création musicale était autrefois un acte collectif, qui mobilisait le regard des pairs et de la communauté. Cet esprit de partage et d’écoute, loin de freiner l’inspiration, donnait aux chansons une solidité qui leur a permis de traverser les décennies. Aujourd’hui, même s’il continue à composer, Prosh Ely n’écrit pas seulement pour lui. « Je compose aussi pour les jeunes. Car transmettre ne consiste pas uniquement à garder pour soi, mais à offrir aux autres des outils et des repères », précise-t-il. 

L’enjeu dépasse le cadre d’un simple concert. La présence de Kaiamba à Angaredona illustre la volonté de relier passé et présent, mémoire et innovation. En montant sur scène, les membres du collectif rappellent qu’il existe un héritage musical malgache qui mérite d’être revisité et compris, afin d’inspirer les artistes d’aujourd’hui et de demain. Au-delà du témoignage, la présence de Kaiamba à Angaredona porte un message fort : la nécessité de réconcilier les jeunes avec un patrimoine musical exigeant, où chaque note et chaque mot sont porteurs de sens. Pour Prosh Ely, qui continue à écrire non seulement pour lui-même mais aussi pour les nouvelles générations, l’objectif est clair : « transmettre, tout en préservant l’authenticité ».

Nicole Rafalimananjara

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