RESSOURCES HALIEUTIQUES - Le grand ménage dans la filière crabe

À partir du 15 décembre 2025, Madagascar ouvre officiellement l’exportation de crabes aux entrepreneurs locaux, avec des quotas stricts, un tarif bientôt fixé et une tolérance zéro pour la corruption.

Chan Kit Waye Jaco, ministre de la Pêche  et de l’Économie bleue.

La filière du crabe entre dans une nouvelle ère. Hier, dans les locaux du ministère de la Pêche et de l’Économie bleue, les entrepreneurs malgaches du secteur du crabe ont été invités à un échange plus stratégique et approfondi.

« Tolérance zéro pour toute personne impliquée dans la corruption. Le secteur sera complètement assaini et toutes les activités se dérouleront dans le cadre légal », a déclaré Manga Chan Kit Waye Jaco, le ministre.

La saison de pêche débutera le 15 décembre 2025. Les quotas sont clairs : 4 250 tonnes de crabe maximum, avec une taille minimale de 11 cm. La redevance se paiera en deux étapes : la moitié au début de l’exploitation et l’autre moitié plus tard dans l’année. Les exportateurs devront également rapatrier les devises, pour soutenir l’économie et protéger la valeur de l’ariary.

Le message du ministère est de professionnaliser le secteur pour protéger les intérêts nationaux. « Les entrepreneurs doivent être professionnels pour garantir le bénéfice national, notamment en matière de prix des produits », insiste le ministre. 

Prix officiel

Les opérateurs devront se regrouper et proposer une répartition équitable des quotas, tout en respectant les règles établies.

Aujourd’hui, le crabe vivant se vend à Madagascar environ 1,76 dollar/kg, soit 7 500 ariary/kg. À l’export, les prix sont beaucoup plus élevés : entre 8 et 25 dollars/kg pour le crabe vivant, et autour de 4 dollars/kg pour le crabe congelé.

La demande mondiale se concentre surtout sur l’Asie. La Chine absorbe 60 à 70 % des exportations, suivie de Hong Kong, Singapour, le Japon et la Corée du Sud. L’Europe, elle, importe surtout des crabes congelés et de la chair de crabe.

Cependant, depuis quelque temps, l’exportation vers la Chine était contrôlée par cinq entreprises dirigées par des ressortissants chinois, explique Olivier Randriatahiry, entrepreneur malgache du secteur. « Le secteur du crabe cherche progressivement à établir une économie bleue locale et professionnelle », précise-t-il.

Le ministère prévient : « Si l’exploitation est ouverte mais qu’il y a corruption, l’accès sera bloqué. Toutes les filières seront ouvertes et réglementées. »

Avec un tarif officiel bientôt fixé, Madagascar pourrait enfin structurer sa filière et devenir un acteur crédible sur le marché mondial, tout en protégeant ses ressources locales.

Irina Tsimijaly

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