DAUDET JELLY RARIVOSON - « La source identitaire régionale retrouvée grâce à Antsairy Lohariake »

Artiste, auteur-compositeur et animateur radio, Daudet Jelly Rarivoson, leader du groupe portant les sigles de son nom « RV306 », connu pour sa chanson « Toliara », a organisé le festival « Antsairy Lohariake », les 29, 30 et 31 août derniers à Toliara. Une aubaine culturelle de retour aux sources et un événement unificateur.


Pourriez-vous expliquer les tenants et aboutissants du festival « Antsairy Lohariake »?

« Antsairy » est constitué de deux mots signifiant littéralement « chants» et « artistes » tandis que « Lohariake » veut dire « la source des mers ». C’est ainsi le chant des artistes qui entonne la source des mers. Le festival « Antsairy Lohariake » constitue un moyen de réunir les artistes, les auteurs-compositeurs, les musiciens, les danseurs, les chanteurs et les orateurs. Ils démontrent leur talent en accentuant leur source identitaire. Ils ont ainsi pu démontrer l’identité de leurs musiques et chants pendant trois jours.

Est-ce un festival en première édition ?

La première édition remonte à 2012 quand j’étais alors secrétaire du Syndicat des artistes pour l’ex-province de Toliara. L’idée n’a pas changé, c’est celle de faire connaître l’identité musicale du Sud et la mise en avant de la source identitaire des œuvres marquantes par catégorie : chant, art, danse. Une seconde édition a été envisagée en 2020 mais n’a finalement pas eu lieu pour cause de Covid. Cette année, je tenais particulièrement à faire renaître la passion chez les artistes de la région Atsimo Andrefana.

Comment s’est déroulé le festival dans l’ensemble ?

Nous avons voulu déployer un programme varié durant les trois journées choisies. Le premier jour, le 29 août, un grand carnaval a été organisé dans la ville de Toliara, suivi par le traditionnel « kabary » des autorités locales, une rencontre sportive de foot à 7, un grand podium pour les artistes, musiciens et danseurs, y compris les jeunes qui se lancent dans la musique, et un concours de chants pour les femmes artistes. La seconde journée a été marquée par une série de conférences sur la relation entre les paroles musicales, les images artistiques et la culture malgache, et une autre sur l’utilisation, l’usage des œuvres artistiques et les droits d’auteur à Madagascar. Le 31 août, dernier jour, ont été organisés la petite tournée évangélique, le concours de sport traditionnel, le « Ringa », la montée en scène des grands artistes connus comme Jean Piso, Landy ou encore le groupe « KTKT », les finales des concours de chants et une grande soirée de clôture.

Êtes-vous personnellement satisfait par le résultat obtenu ? L’objectif a-t-il été atteint ?

Je peux dire que c’est un début de l’éveil de la passion artistique respectant la source identitaire. Celle-ci a été retrouvée grâce au festival. La trentaine d’artistes qui a participé a démontré chacun sa source identitaire musicale. Les rythmes spécifiques de musique et de danse de la région Atsimo Andrefana ont bien été mis en avant : Tsapiky, Kininike, Kinetsanetsa, Kilalaka, Beko, variétés. Toutefois, je promets de faire mieux en termes de logistique et d’organisation l’année prochaine.

 Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes actuels ?

J’ai commencé la musique très jeune dans les fins fonds de la brousse de Morondava avec des lignes de pêche comme cordes de guitare ! Ayant été animateur culturel pour la radio pendant des années, je vis l’avancée de la musique, que ce soit dans les régions du Sud ou sur le plan national. Je vois l’évolution des façons de faire de la musique. Je constate malheureusement que les jeunes d’aujourd’hui ne s’intéressent pas à la musique traditionnelle ou plutôt à la recherche de l’identité de la musique qu’ils veulent faire, mais sont beaucoup influencés par la musique étrangère. Il y a cette perte d’identité de la musique malgache.

Quel projet préparez-vous actuellement ?

Le groupe RV 306 que je mène depuis 1988, a sorti quatre albums, dont trois en version cassette et un en version CD. Je projette actuellement de réaliser des clips de quelques-unes des cinquante chansons que nous avons composées.

 Mirana Iharliva

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne