Oui l’eut cru? Il y a 42 ans, l’Éthiopie, victime d’une famine indélébile, faisait l’objet de la charité du monde. L’Irlandais Bob Geldof organisait alors une campagne de collecte de fonds à travers le mouvement « USA for Africa ». Plusieurs artistes américains se sont réunis pour chanter le tube universel et intemporel « We are the world », écrit et composé par Michael Jackson et Lionel Ritchie. Une époque faisant partie aujourd’hui de l’histoire.
L’Éthiopie a depuis fait un grand bond dans le développement. Il y a une semaine, le pays a inauguré le Barrage de la renaissance, le plus grand en Afrique, long de 1,8 km, capable de produire 5000 MW avec seize turbines contre quatre à Andekaleka. L’Éthiopie n’a pas lésiné sur les moyens investissant 5 milliards de dollars. De quoi oublier pour l’éternité les problèmes d’électricité. Eh oui, le délestage a également frappé l’Éthiopie en 2024. Seules les habitations avaient été alimentées 24h/24. Les entreprises ne fonctionnaient que de 23 h à 5 h. L’électricité était rationnée dans la journée.
Le pays de l’Empereur Haile Selassie a pris les taureaux par les cornes et, avec le barrage des Trois Gorges, d’une longueur de 2,335 km, le barrage de la Renaissance fait partie des plus grands du monde.
L’Éthiopie a utilisé les grands remèdes au placebo pour résoudre les problèmes d’électricité. Le délestage s’amplifie depuis quelques semaines, étant donné que l’État ne peut plus subventionner la Jirama. Résultats des courses, les entreprises fonctionnent au ralenti et ne peuvent pas payer les impôts. Le FMI se fâche et bloque les financements prévus. L’État réclame des réformes adaptées aux réalités nationales au lieu des mesures irréalistes en vigueur depuis quarante ans, cause de la faillite de l’économie et de la paupérisation de la population.
On ne peut pas imposer des mesures pour des résultats à long terme alors que l’urgence est permanente et quotidienne.
On se demande si les FEC et les FRD, accordées avec parcimonie, ont servi à quelque chose autre qu’à la charité.
Si, depuis quarante ans, on totalise la somme allouée par les bailleurs de fonds sans résultats palpables de développement, on aurait pu construire un dam d’enfer comme en Éthiopie, sans devoir attendre Volobe, Sahofika et Antetezambato. Et on n’en serait pas à cet obscurantisme.
L’Éthiopie nous fait saliver avec une compagnie aérienne de quatre-vingt Boeing, quatorze Airbus A350-900. Ethiopian Airlines se classe 35ᵉ compagnie du monde. Et la vie en Éthiopie est 26 % moins chère qu’en France. Avis aux amateurs.
Sylvain Ranjalahy