Antananarivo connaît de longues coupures d’électricité. La Jirama évoque des barrages en rotation, des centrales endommagées et un carburant de mauvaise qualité.
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| Les techniciens de la Jirama en intervention sur des poteaux. |
Depuis plusieurs semaines, Antananarivo et ses environs vivent au rythme des coupures d’électricité, parfois pendant plusieurs heures, plongeant habitants et entreprises dans l’incertitude. Dans de nombreux foyers, la vie quotidienne s’adapte à ces interruptions. La Jirama, entreprise publique en charge de l’électricité et de l’eau, explique que « la production d’électricité est insuffisante par rapport à la demande, et l’écart ne cesse de croître ».
Pour les habitants, chaque panne devient un test de patience. « De 10 h à 13 h 30 à Soavimasoandro, le courant a été coupé sans que cela figure dans le programme annoncé. On n’est plus surpris, mais pourquoi ne pas respecter le planning ? », confie un résident. Lalaina ajoute : « Les coupures ont déjà duré 4 heures en septembre, et cela pourrait atteindre 6 heures en octobre. Il vaudrait mieux chercher d’autres solutions ».
La capitale dépend essentiellement de la centrale hydroélectrique d’Andekaleka, dont la production fluctue selon le niveau du barrage. À cela s’ajoute la mauvaise qualité du carburant dans les centrales au fuel, réduisant la production d’environ 30 MW. Selon un responsable de la Jirama: « Certaines centrales sont endommagées : une centrale prévue pour 24 MW n’en produit plus que 9 MW, et celle d’Antsirabe, qui devait fournir 9 MW, est arrêtée. Cela accentue le délestage ».
Perspectives pour l’avenir
Pendant les matchs des Barea, les coupures étaient mieux gérées. « Il est possible d’éviter des coupures identiques à celles survenues pendant les matchs des Barea, mais l’impact avant et après reste important », explique-t-il.
Pour faire face à cette crise, la Jirama multiplie les initiatives. « Nous contrôlons et améliorons la qualité du carburant, testons la centrale solaire d’Ambatomirahavavy (3 MW) et la centrale d’Ampangabe fonctionne (10 MW), mais des ajustements techniques sont encore en cours », précise un responsable.
Parallèlement, plusieurs centrales solaires sont en développement : Ivato (100 MW), Moramanga Filatex (40 MW), Moramanga GSU (50 MW), Ampangabe (11,5 MW), Ambatomirahavavy (1,5 MW), Imeritsiatosika (10 MW) et Ilafy (7 MW). « À long terme, le solaire pourra réduire la dépendance aux énergies fossiles, mais il ne remplacera pas l’hydroélectricité, essentielle pour la transition énergétique », précise le responsable.
Certaines stations de surpression, comme Andraharo, Vontovorona ou Iavoloha, sont équipées de groupes électrogènes pour assurer l’eau courante, grâce au soutien du projet PAAEP financé par la Banque mondiale. Madagascar dispose d’un potentiel énergétique de 9 gigawatts, encore largement inexploité, informe le responsable.
Malgré ces efforts, la Jirama prévient que « cette année sera particulièrement difficile pendant la saison sèche », tout en espérant une amélioration notable d’ici la fin de l’année. Pendant ce temps, l’Éthiopie inaugure des barrages capables de produire plusieurs milliers de mégawatts, rappelant l’ampleur du défi énergétique auquel Madagascar est confronté.
Irina Tsimijaly
