«Le Bulletin de Madagascar est une publication du Service de Presse, Secrétariat d’État à l’Information Chargé de la Presse». La voix de son maître ? À la Une du numéro 308, de janvier 1972, le Bulletin afficha fièrement une photo de «S.E.M. Philibert Tsiranana, Président de la République et Chef du Gouvernement».
La chronologie, d’ailleurs méticuleusement tenue, des événements de l’époque souligne de manière spectaculaire avec quelle facilité le régime PSD était passé du Capitole à la roche Tarpéienne, et son Chef du palais d’Andafiavaratra à la falaise d’Ampamarinana.
L’année 1971, à peine émaillée par les événements d’avril 1971 à Tuléar, vit un Gouvernement à l’assurance manifestement inébranlable procéder sans hésitation ni murmure aux arrestations d’André Resampa (accusé de complot en connivence avec l’ambassade des États-Unis) et de Monja Jaona (leader du Monima à Tuléar). L’année 1972 ne pouvait pas mieux commencer avec un score fleuve-officiel de 99% à l’élection présidentielle de fin janvier. Le 1er mai 1972 encore, fête du Travail et défilé triomphal pour l’investiture du Président réélu entre la gare Soarano et Mahamasina. Et pourtant, patatras.
Texte du Bulletin de Madagascar, 13 mai 1972: «Un affrontement sanglant entre les FRS et les grévistes au eu lieu devant l’Hôtel de Ville de Tananarive. Il y a eu des morts de part et d’autre. L’une des causes du drame a été l’annonce matinale de l’envoi en détention à Nosy-Lava, la veille, de quelques centaines de grévistes.
La suite appartient à l’histoire. Reprenons la minute, littéralement par le menu détail, du Bulletin de Madagascar.
11 mai 1971 : Le Président de la République se rend dans la province de Tuléar. Cette tournée dans la partie sud de la Grande île doit permettre au Chef de l’État de visiter les régions éprouvées par les troubles du début du mois d’avril. «Un seul Chef, un seul parti, une seule patrie» : telle est manifestation de l’attachement indéfectible réservée au Président Tsiranana tout au long de son voyage dans le sud.
17 mai 1971 : Au terme de son séjour dans la province de Tuléar, et avant de regagner Tananarive, le Président de la République a tenu à accorder une audience à Monja Jaona, leader de l’Ex-Monima, incarcéré à la prison de Tuléar à la suite des récents événements survenus dans le Sud. NDLR : Un nouveau Gouvernement ayant été proclamé le 27 mai, Monja Jaona sera libéré le 17 juin. Le 21 septembre 1971, le Monima annonce qu’il fera voter OUI au référendum du 8 octobre 1972.
À suivre...
Nasolo-Valiavo Andriamihaja