Une réunion de travail avec des représentants du FMI s’est tenue, hier, à Iavoloha. L’occasion pour le Président de plaider en faveur d’un ajustement du rythme de mise en œuvre des réformes aux réalités nationales.
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Le « Staff visit » d’hier à Iavoloha est aussi en préparation de la revue d’évaluation du FMI pour la FEC et la FRD prévue en octobre. |
Un oui, mais. Telle est la réponse de l’État, par la voix de Andry Rajoelina, président de la République, au Fonds monétaire international (FMI), sur la mise en œuvre des réformes nécessaires à l’effectivité de l’équilibre budgétaire, qui sont également des conditionnalités de décaissement des appuis budgétaires inhérents à la Facilité élargie de crédit (FEC) et à la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD).
À entendre les propos du chef de l’État, Madagascar est disposé à appliquer les réformes. Plusieurs sont déjà mises en œuvre, justement. Toutefois, il estime que la cadence de leur application doit être ajustée suivant les réalités nationales et la conjoncture internationale. Andry Rajoelina met dans la balance l’enjeu de la stabilité nationale. Selon lui, il s’agit donc d’éviter que les réformes n’entraînent une crise sociale.
« Notre cap est clair, c’est instaurer la discipline budgétaire et promouvoir une gouvernance responsable. (...) Mais il est nécessaire d’adapter le rythme de nos réformes aux réalités nationales mais également internationales, afin d’éviter des crises sociales qui pourraient anéantir les efforts», déclare alors le président de la République, dans sa prise de parole en ouverture de la réunion de travail avec les émissaires du FMI, hier, au palais d’État d’Iavoloha.
Cette réunion de travail s’est tenue dans le cadre du « Staff visit » d’une équipe conduite par Constant Lonkeng Ngouana, chef de mission du FMI pour Madagascar. C’est une visite de travail effectuée par une équipe de l’institution de Bretton Woods, en dehors des missions formelles, pour évaluer sa situation économique et financière, ainsi que pour discuter des moyens d’améliorer sa stabilité et sa croissance. Il s’agit aussi d’évaluer l’avancée des réformes engagées ou encore les éventuels blocages.
Le « Staff visit » sert aussi à préparer le terrain en vue d’une mission plus formelle du FMI. C’est alors l’occasion de discuter à bâtons rompus sur les blocages, notamment sur la mise en œuvre des réformes. Pour Madagascar, la prochaine mission officielle d’une délégation de l’institution de Bretton Woods sera la revue d’évaluation, en octobre, en vue du décaissement d’une nouvelle tranche de la FEC et de la FRD.
Des préoccupations
À Iavoloha, aux côtés du président de la République, ont pris part à la réunion Christian Ntsay, Premier ministre, Benjamin Alexis Rakotomandimby, ministre de la Justice, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, ministre de l’Économie et des Finances, ainsi qu’Aurélie Razafinjato, ministre de la Population et des Solidarités. De prime abord, les points discutés durant cette réunion, qui a débuté à 15 heures et qui ne s’est terminée qu’en début de soirée, ont porté sur des dossiers concernant ces trois départements ministériels.
Au début de la réunion de travail, Andry Rajoelina a mis en avant les réformes engagées par son administration. En matière de bonne gouvernance, il a rappelé la loi sur le recouvrement des avoirs illicites qu’il a mise en vigueur par ordonnance dès le début de son premier mandat, en 2019. Il y ajoute la nouvelle stratégie de lutte contre la corruption, validée en janvier, « pour lutter contre l’impunité », souligne le chef de l’État.
Sur la question de la discipline budgétaire, le locataire d’Iavoloha a joué la carte de l’adoption récente du plan de redressement de la Jirama et de la poursuite de la mise en œuvre du mécanisme d’ajustement automatique des prix du carburant. Deux réformes dont la finalité est d’en finir avec les subventions étatiques dans le secteur de l’énergie et celui du carburant. Les subventions, notamment celles allouées à la Jirama, étant qualifiées de budgétivores.
Toujours dans l’optique d’équilibrer les recettes et les dépenses, le président de la République ajoute : « Pour maîtriser les dépenses, nous avons pris aussi des mesures visant à contenir la hausse des salaires, malgré la pression des syndicats ». Andry Rajoelina assure ainsi que « la mise en œuvre de ces réformes et programmes témoigne de notre volonté de renforcer, aux côtés du FMI, la stabilité économique et de soutenir les réformes structurelles du pays ».
À écouter le chef de l’État, cependant, l’idée de son administration est d’atténuer autant que possible les impacts des réformes sur le quotidien de la population et que « le bien-être de la population soit systématiquement pris en considération ». Éviter une crise sociale en est la raison. Le bras de fer engagé par le collectif des syndicats des employés de la Jirama avec l’État, en juillet, par rapport au nouveau statut de l’entreprise, avait été une sonnette d’alarme. D’autant plus qu’une crise sociale peut rapidement se muer en une crise politique.
En réponse au président de la République, le chef de mission du FMI s’est voulu rassurant en indiquant que l’institution financière elle aussi est attachée au fait que les programmes qu’elle soutient « soient ancrés aux réalités malgaches », en ajoutant : « Vous avez mentionné le rythme des réformes pour se rassurer qu’il n’y ait pas de crise sociale. Ce sont des objectifs, ce sont des préoccupations que nous gardons à l’esprit lorsqu’on réfléchit ensemble en matière de réformes ».
Garry Fabrice Ranaivoson
« Notre cap est clair, c’est instaurer la discipline budgétaire et promouvoir une gouvernance responsable. (...) Mais il est nécessaire d’adapter le rythme de nos réformes aux réalités nationales mais également internationales, afin d’éviter des crises sociales qui pourraient anéantir les efforts»
RépondreSupprimerQue craint véritablement le président en énonçant ces propos ? L'imposition d'une politique économique et de mesures d'ajustements structurels, qui ne dit pas son nom, politique d'ajustements budgétaires que l'UE risque également d'imposer à son pays d'adoption, la France.......?
A force de dépenser et d'investir à crédit quand les caisses sont vides, arrive toujours le moment de devoir rembourser ou payer! Le gendarme FMI va bientôt présenter la "note"!