Une manifestation contre les délestages est prévue ce jeudi à Ambohijatovo. Les conseillers municipaux de l’opposition, à l’origine de l’initiative, entendent maintenir leur mobilisation malgré l’interdiction prononcée par la préfecture d’Antananarivo.
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Le maintien du calme repose sur la conscience de chacun. |
Une manifestation contre les délestages est prévue ce jeudi à Ambohijatovo. Les conseillers municipaux de l’opposition, à l’origine de l’initiative, entendent maintenir leur mobilisation malgré l’interdiction prononcée par la préfecture d’Antananarivo.
Pour les organisateurs, il s’agit avant tout de donner une voix à l’exaspération citoyenne face aux coupures d’électricité répétées qui perturbent la vie quotidienne et fragilisent l’activité économique. Mais la situation demeure sensible. Hier déjà, des marchands de rue ont publiquement manifesté leur hostilité à l’événement, craignant que leur activité ne soit paralysée et leur environnement fragilisé par d’éventuels débordements.
Cette opposition frontale entre partisans et détracteurs du rassemblement fait apparaître un risque réel d’affrontement, dans un contexte qui rappelle les tensions observées lors de la marche des onze candidats à l’élection présidentielle de 2023, à Andavamamba et à Mahamasina.
Multiplication des discours radicaux
Dans ce climat tendu, les réseaux sociaux deviennent un vecteur d’escalade. Les discours radicaux s’y multiplient, avec la diffusion d’appels explicites à la violence, de menaces de destruction de biens ou encore de règlements de comptes. Cette rhétorique, de plus en plus agressive, contribue à accentuer les crispations, creuse les divisions et nourrit un climat de méfiance entre les différents camps.
Face à ces signaux préoccupants, les Forces de défense et de sécurité (FDS) ont annoncé un dispositif de prévention renforcé. L’État-major mixte opérationnel (Emmonat) a rappelé la ligne officielle : la manifestation, jugée illégale en raison de l’absence d’autorisation, ne sera pas tolérée. « Nous allons prendre des mesures sévères contre ceux qui insistent dans cette démarche », a averti le général Jean Herbert Rakotomalala, commandant de la Gendarmerie nationale, lors d’un point de presse tenu hier à Ampahibe.
Entre droit d’expression et ordre public
Au-delà des interdictions et des menaces de confrontation, l’épisode met en lumière une problématique plus large : la difficulté à concilier le droit d’expression citoyenne avec la préservation de l’ordre public. Les délestages, motif initial de la contestation, restent une réalité qui affecte directement les habitants, tant sur le plan économique que social. Pourtant, les tensions qui entourent la manifestation risquent de reléguer au second plan la cause même de la mobilisation.
L’expérience récente montre que les débordements n’apportent pas de réponses pérennes aux frustrations sociales. La stabilité et le dialogue apparaissent comme les voies les plus constructives pour permettre aux revendications d’être entendues et aux autorités d’apporter des solutions. Dans un contexte économique et social déjà marqué par des pressions multiples, éviter l’escalade de la violence s’impose comme une condition essentielle pour préserver la cohésion et ouvrir la voie à un échange plus apaisé.
Tsilaviny Randriamanga