Ci-git un lac

La présence de stations-service égaie, illumine, bref «civilise», son lieu d’implantation. «Shop» Shell à Talata-Volonondry, «Tongasoa» Jovena à Behenjy, «Bonjour» Total à Manjakandriana, «Tsena» Galana à Betafo. Des endroits autrefois improbables reviennent à la vie quand une station-service s’anime au milieu de nulle part. 

Désormais, on ne va plus dans une station-service uniquement pour du refueling carburant, mais également pour la boutique et les toilettes. Voire la restauration. On peut tomber sur des produits inattendus qui provoquent un achat imprévu. Et y soulager ses besoins naturels change du pipi dans la nature, au bord des routes nationales. S’il y avait une ou deux stations-service, par exemple à Sambaina, à 30 km d’Antsirabe, certains sites sous les sapins ne sentiraient pas la pisse à longueur d’année. 

Cependant, l’hypothèse de «produits d’entretien biodégradable à plus de 90%» ou la promesse d’un «lavage respectueux de l’environnement» sinon la transition énergétique vers le solaire, rien ne me console de la disparition de l’ancien lac de Dorodosy, au pied d’Imerimanjaka, remblayé sous des mètres cubes d’une terre elle-même arrachée aux «douze collines».  

Nous sommes ce pays agricole, proclamé «grenier de l’Océan Indien», qui se réjouit que de trop traditionnelles rizières fassent place à un ruban de bitume, transport bien commode d’autres terres pour remblayer tout autour. Furieuse modernité que cette station-service inaugurée en grande pompe sur le lit d’un lac méthodiquement asséché.

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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