AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE - Les techniques agricoles peinent à se moderniser

Les récoltes sont abondantes, mais la modernisation de l’agriculture peine à suivre. Le manque d’encadrement technique freine la qualité des productions et leur transformation industrielle.

De  jeunes agriculteurs en train de travailler  dans une rizière.

Les paysans produisent, les terres existent, mais la modernisation reste insuffisante. Dans la région du Vakinankaratra, le problème ne réside pas dans la quantité des récoltes, mais dans leur transformation et leur valorisation. Les terres cultivables couvrent près de 5,8 millions d’hectares, soit 10 % du territoire national, mais seulement 3 à 3,5 millions d’hectares sont réellement exploités. Le potentiel irrigable atteint 1,5 million d’hectares, notamment pour le riz, qui demeure la base alimentaire.

Lors d’une visite du ministère de l’Agriculture, les acteurs locaux ont rappelé l’importance de l’encadrement. À l’usine Malto de la Société Star Madagascar, 2 200 hectares sont consacrés à l’orge, avec intrants et techniques fournis aux paysans. Daniel Couderc, directeur de l’usine, explique : « Depuis une cinquantaine d’années, nous collaborons avec les paysans. Aujourd’hui, nous fournissons les intrants et les techniques, et ce sont les paysans qui cultivent et livrent la récolte. »

En 2024, la récolte a atteint 8 000 tonnes de malt, contre une prévision de 6 000 tonnes. Il reconnaît :

Rôle clé des entreprises

« Au début, il était difficile de travailler avec les paysans et, même aujourd’hui, la qualité n’est pas toujours celle que nous recherchons. Nous avons instauré un système de prime : si les paysans nous fournissent l’orge recherchée, nous leur accordons un pourcentage supplémentaire. »

Le défi de l’encadrement se retrouve également chez Lecofruit, filiale du groupe Basan. L’entreprise collabore avec 15 000 producteurs, possède deux sites industriels, 1 000 hectares de fermes et autant en paysannat, et emploie 1 100 collaborateurs permanents ainsi que 3 000 saisonniers. Elle assure 14 000 heures de formation par an et produit 50 000 tonnes de compost chaque année. Lecofruit affirme que « le produit bio fait la force de Madagascar » et exporte vers l’Europe. En 2024, près de 12 000 tonnes de légumes transformés ont été livrées, soit 38 millions d’unités de vente.

Sur le plan politique, le projet ODOF (One District, One Factory) traduit la volonté de rapprocher production et transformation. Fin 2024, 64 unités industrielles étaient opérationnelles, sur 82 machines prévues. Le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage (MINAE) mise sur le partenariat public-privé pour relever ces défis. Lors du FIA 2025, le ministre François Sergio Hajarison a rencontré les acteurs privés pour relancer les filières stratégiques : riz, maïs, soja et élevage. D’après lui : « La confiance et la synergie avec le secteur privé sont la clé de l’autosuffisance alimentaire et du développement de la production à Madagascar. »

Des mesures sont prévues, allant de l’identification des terres cultivables à la formation technique des paysans, en passant par la mise en place d’entrepôts de stockage.

Avec 58,7 millions d’hectares de superficie totale et un immense potentiel agricole, Madagascar possède les moyens de viser l’autosuffisance alimentaire.

Irina Tsimijaly

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