Adieux pluriels à Laniera

J’entends demander qu’on me somme de réagir pour ce qui se commet dans le Laniera. Mais, que se passe-t-il (encore) dans le Laniera ? Pour ceux qui s’en émeuvent seulement maintenant, je signale la Chronique «Adieu, Laniera» de mars 2016. Il y a bientôt dix ans donc, dans une autre Chronique d’avril 2016, j’avais également prophétisé : «Dès qu’Alarobia, Ivandry, Tsarasaotra, Soavimasoandro, Androhibe, furent engloutis par les tentacules urbaines d’Antananarivo, il ne s’agissait plus que d’une question de temps que la trame routière étende son emprise : de Namehana à Ambohidroa, de Lazaina à Ambatolampy, voire d’Ambohimanga à Ivato. Cela fait donc cinquante ans que la vaste plaine lacustre du Laniera est en sursis. Je me dis qu’on aurait pu mettre toutes ces années à réfléchir calmement, mais sérieusement, à la meilleure solution pour concilier l’inévitable avancée urbaine avec la protection du Laniera, et l’aménagement d’un complexe biologique de l’ambition du Central Park de New York, dans le bassin versant de la rivière Imamba». Dorodosy, Andranobevava, Andranotapahina, Amparihy-Ankadihevo, Amoronankona, Betsimitatatra, Laniera : la messe fut dite voilà bien longtemps. 

Dès l’époque, 3 et 16 février 2016, des deux décrets d’utilité publique pour la construction d’une route à trois voies pour le Sommet de la Francophonie, je pensais déjà que le Laniera allait disparaître, comme le Betsimitatatra, sous les remblais de stations-services, lotissements résidentiels, supermarchés géants et parkings immenses. 

La «modernité» pouvait mieux faire que l’archaïque procédé des remblais : cette terre arrachée aux collines et jetée dans les rizières, les marais, les ruisseaux. Un pont géant, et tant mieux s’il est le plus long du monde (cf. «Un ouvrage d’art pour sauver le Laniera», Chronique VANF, 22 avril 2016) : «je veux croire au rêve d’un magnifique ouvrage d’art : un Golden Gate Bridge enjambant le Laniera, croisant son tablier avec un viaduc qui mettrait le lac d’Ambohibao à une encablure d’Anosy-Avaratra. À la jonction de ces deux voilures formidables, un rond-point suspendu à un entrelacs de haubans, un exploit technique qu’on viendrait nous admirer des quatre coins du monde». 

Ce qu’on a commis dans le Betsimitatatra, on le récidivera dans le Laniera. Les mêmes causes qui ont déjà les mêmes conséquences le long du bypass Ambohimangakely-Iavoloha. Un gâchis en cours au carrefour Ankerana-Nanisana : cette rocade Ambohipeno-Ambohimahitsy-Andranobevava eût pu être montée sur pilotis. «Ne nous leurrons pas, cette autoroute ne fera pas que passer : elle amènera un grouillement de vie, une humanité féconde, avec des besoins toujours plus envahissants». C’était déjà dans «Adieu, Laniera» (Chronique VANF, 26 mars 2016). 

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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