TOURISME - La destination « Tsingy de Bemaraha » à réorganiser

Un groupe de touristes a failli être attaqué à 5 km de Bekopaka dimanche dernier. Le site touristique de renom du Grand Ouest a besoin de restructuration organisationnelle.

Des touristes avec leur guide en plein Tsingy de Bemaraha.

Dimanche matin, l’alerte a été donnée par un guide touristique local. Quatre individus ont croisé le chemin d’une voiture de touristes à 5 km à la sortie de Bekopaka. « Les touristes étaient en route vers les Tsingy de Bemaraha et vers 9 h du matin, quatre individus sont soudain apparus de nulle part et ont poursuivi en courant la voiture des touristes. Le chauffeur a accéléré et a ainsi réussi à les semer », raconte Hubert Antoine Razafintsilavina, vice-président de l’association des guides touristiques de Bemaraha. 

Deux autres véhicules faisant partie de la caravane, un peu en retrait, ont rebroussé chemin après avoir vu les quatre individus. Un opérateur hôtelier passant par là par hasard affirme, quant à lui, avoir vu deux individus tentant de tirer sur la voiture, et plus loin, il dit avoir rencontré des éléments des Forces de l’ordre courant dans la forêt. Ce croisement de chemins se trouve être un passage ou « kizo » des bandits dans cette partie du district d’Antsalova, dans la région Melaky. « Toute la journée de dimanche et aujourd’hui (NDLR : hier), des patrouilles s’organisent », raconte encore le guide touristique.

Restructuration

Depuis l’ouverture de la saison touristique, le site accueille une centaine de touristes par jour, nationaux comme étrangers. Après l’alerte lancée dimanche dernier sur cette « attaque avortée » près des Tsingy de Bemaraha, des opérateurs touristiques profitent de l’occasion pour soulever les problématiques de la destination. « Les Tsingy de Bemaraha accueillent près de quinze mille touristes par an. Si on veut au moins garder ce nombre ou, au mieux, le multiplier, plusieurs points sont à réexaminer », propose une agence réceptrice. 

Parmi les priorités figurent l’insécurité, notamment entre la commune d’Andimaka et celle de Bekopaka, la réhabilitation totale de la RN8 reliant Morondava à Antsalova. 

« Ce sont les guides touristiques locaux qui s’organisent tous les ans pour ouvrir l’accès vers les Tsingy de Bemaraha, alors que c’est la responsabilité de l’État », lance l’agence de voyage.

Il convient également d’améliorer l’accueil « professionnel » au « Grand Tsingy », l’un des endroits époustouflants du Bemaraha, lequel se trouve à 8 km de la Route nationale, mais l’accès y est presque impossible, selon toujours les sources locales. Miary Rasolofoarijaona, opérateur hôtelier à Bekopaka, va plus loin en dénonçant  « l’abandon total » de l’État de cette localité. « Les Tsingy de Bemaraha sont classés patrimoine mondial de l’Unesco et l’une des destinations les plus emblématiques du pays. Mais c’est un axe stratégique laissé à l’abandon. À la moindre goutte de pluie, Bekopaka devient inaccessible, sans parler des services sociaux en ruine », explique-t-il. Injustice, précarité, exclusion et marginalisation de la population locale sont ignorées, et les milliards d’ariary de retombées du tourisme accumulés depuis des années « sont invisibles », conclut-il.

Mirana Ihariliva

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne