TARIFS DOUANIERS - Les minerais stratégiques épargnés par Washington

Les produits miniers, notamment les minerais stratégiques, échappent aux tarifs douaniers de 15 % de l’administration Trump. Un choix stratégique pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement.

Le secteur extractif représente plus de 43 % des exportations du pays.

Depuis le 7 août, ces droits de douane s’appliquent à une large gamme de produits entrant sur le marché américain, mais les minerais stratégiques en sont largement exclus. Nickel, cobalt et ilménite, entre autres, ne figurent pas sur la liste. Une exemption qui représente un répit pour des acteurs majeurs installés à Madagascar, tels qu’Ambatovy et QIT Minerals Madagascar, dont les investissements cumulés atteignent près de deux milliards de dollars et qui assurent environ 43 % des exportations du pays. Le secteur extractif se trouve ainsi préservé, alors que d’autres filières, comme l’agroalimentaire ou le textile, subissent de plein fouet l’alourdissement des tarifs.

Cette orientation s’inscrit dans une logique plus large : dès le début de la guerre commerciale, l’administration Trump avait épargné certains secteurs considérés comme vitaux pour l’industrie américaine, notamment les semi-conducteurs et la pharmacie. Les minerais jugés indispensables à la transition énergétique et rares sur le sol américain, comme le graphite ou les terres rares, bénéficient également de ce traitement. 

Regain

« Le manganèse et les terres rares sont très peu présents aux États-Unis, tandis que les gisements de nickel et de cobalt américains sont marginaux face à ceux de pays comme la République démocratique du Congo », rappelle une note de l’Institut français des relations internationales (IFRI).

Madagascar figure parmi les pays concernés. « Les investisseurs américains cherchent à sécuriser de nouvelles chaînes d’approvisionnement via des prises de participation et des rachats massifs. C’est le cas d’Energy Fuels, qui a acquis en 2024 Base Resources, maison mère de Base Toliara », explique un spécialiste. Cette dynamique est également renforcée par l’intégration récente de la Grande Île au Minerals Security Partnership, lancé en 2022 par les États-Unis pour garantir l’accès aux minerais indispensables aux technologies de la transition énergétique.

Depuis 2024, les investissements miniers en Afrique connaissent un regain après plusieurs années d’attentisme. Durant la décennie 2010, les États-Unis avaient largement cédé le terrain à la Chine dans le secteur. Le rééquilibrage amorcé ces derniers mois pourrait profiter à Madagascar, dont le sous-sol recèle de nombreux minerais qualifiés de « critiques », au cœur des enjeux énergétiques et technologiques mondiaux.

Itamara Otton

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