Une phrase mal exprimée et cela crée toute une éruption, et on s’attire toutes les foudres du monde. Les propos de la porte-parole de la Présidence à propos du niveau actuel des professeurs ont été abondamment commentés. L’indignation le disputait à l’appel au lynchage. Elle a présenté ses excuses à qui de droit, mais les « victimes » ont la dent dure. À l’époque des réseaux sociaux, on n’attend qu’une bourde pour la monter en épingle. Le danger de la communication est de vouloir passer un message, une idée, une information, mais de ne pas avoir les mots pour le dire. Il faut avoir la trempe d’un certain Richard Andriamanjato pour pouvoir disserter pendant plusieurs minutes sans réfléchir et sans fausse note. Il aligne les mots comme on enfile des perles, et défile les phrases à la vitesse d’une mitraillette. Un tribun unique, une espèce rare qui a disparu et qui n’a pas eu d’héritier.
Quand on n’a pas cette qualité, on a tout le risque de dire autre chose que la pensée qu’on avait en tête. À tel point qu’on peut égratigner la dignité de son propre père, disparu il y a justement cinq ans, et qui était un ingénieur en télécommunications et grand professeur de l’École polytechnique de Vontovorona. On l’imagine mal vouloir dénigrer son propre père, parmi les sommités et notabilités de la société ainsi que l’intelligentsia.
Néanmoins, l’univers politique n’a pas été avare en mots et phrases devenus cultes et qui ont eu des conséquences déplorables pour ceux qui les ont tenus. Depuis la première République, il y a eu des mots prononcés qui ont scandalisé l’opinion et la population pendant les crises politiques. Le président Tsiranana a été balayé après avoir affirmé que « les grévistes risquent de se faire tuer par centaines, par milliers ». Ratsiraka avait affirmé urbi et orbi qu’il ne quitterait pas le pouvoir même « si les Hery Velona feront un million de tours des murs de Jéricho ». Ravalomanana a déclaré « qu’il fallait d’abord jauger sa force avant d’oser l’affronter» et « il y en a qui n’ont pas des ailes mais qui rêvent de voler». On connaît ce que l’histoire a réservé aux teneurs de ces propos pleins de confiance.
L’atmosphère est plus que tendue, que l’on veuille ou non. Les échanges débordent carrément vers l’appel à l’affrontement. La situation sociale et les difficultés de la population sont propices à des actes incontrôlables. Les mots déplacés, non maîtrisés, les propos d’une rare violence attisent la haine.
Il est plus que jamais recommandé de faire attention à ce que l’on dit pour que les maux ne viennent pas des mots.
Sylvain Ranjalahy
Parler, s'apprend.
RépondreSupprimerFaute de l'avoir fait, on court le risque de patiner à un moment inattendu.
L'expression:" teny diso tsy mba kabary" - une langue fourchue n'est point sciemment une faute - retient la sensibilité excessive qui se traduit par une intempérance de langage qui n'est pas de meilleure sonorité.