Fine bouche 

Le vin est tiré, il faut le boire. Il en est du téléphérique comme il en est de l’autoroute, du moins une petite mèche pour amorcer le destin. Il n’est plus aux polémiques stériles.

On a tant jasé sur ces deux projets infrastructurels quant à leur opportunité par rapport aux différents problèmes sociaux, pour le moment sans solution autre que les palliatifs.

Mais doit-on attendre des solutions immédiates dont la réalisation dépend des actions à long terme, des projets structurants, comme qui dirait l’autre. 

Eh oui, il y eut des promesses électorales, comme il y en a eu dans toute l’histoire, à l’image du paradis socialiste, les 4L pour tous les foyers… qui n’ont jamais été tenues. 

Personne aujourd’hui ne peut dire que les routes sont inutiles, que l’autoroute est un caprice, alors que tout le monde se lamente des états des routes nationales. Le développement a énormément besoin d’un réseau routier. D’ailleurs, le projet d’autoroute a déjà été dans le programme du précédent régime, qui n’a pas pu le concrétiser pour des raisons opaques.

Faute d’entretien et de maintenance depuis des années, le réseau routier a périclité au fil des années et des républiques.

Le réseau routier est seulement long de 4 000 km, dont l’état laisse à désirer, contre 2 000 km en excellent état à Maurice et 750 000 km en Afrique du Sud, tous pays membres de la SADC. On réalise le retard à combler.

De la route Ihosy-Ambovombe, il ne reste que les vestiges des bornes kilométriques comme témoins d’un tracé de la RN13. Ce n’est que maintenant qu’elle entre dans les projets, alors qu’Ambovombe-Tolagnaro est un joyau.

Il en va de même de l’axe Ambositra-Fandriana, qui n’a jamais été retapé depuis la fin de la Première République, il y a plus d’un demi-siècle.

Pourtant, depuis quarante ans de coopération avec les bailleurs de fonds, il faut compter plusieurs dizaines de milliards de dollars injectés à Madagascar, mais le constat est amer. Les détournements le disputent aux projets inutiles et improductifs. Si tout cet argent avait été utilisé à bon escient, on ne serait pas premier des battus.

Alors, pour une fois que le pays se dote d’infrastructures, il faut être de mauvaise foi pour faire la fine bouche. À Maurice et à La Réunion, on n’arrête pas d’étendre le réseau routier, et ceci explique en partie leur PIB élevé.

Si les Baovola, Maître Kira, Rasoanaivo, Dezy Ramasy… avaient joué dans un stade digne de ce nom, on aurait été au moins champion d’Afrique. Et les supporters rêvaient d’avoir une enceinte où les exploits soulèvent les foules. De même, si Jean-Louis Ravelomanantsoa avait couru sur du tartan, il aurait été champion olympique.

Ces infrastructures vont rester et devront être multipliées. Il nous reste à les exploiter, même si la CAF se fait tirer l’oreille pour les homologuer. Les tournois et championnats peuvent très bien s’y dérouler. C’est élémentaire.

Sylvain Ranjalahy

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