L’enlèvement d’une fillette albinos à Mananjary s’est soldé par l’incarcération de huit suspects, arrêtés au terme d’une vaste opération des forces de l’ordre.
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La fillette, saine et sauve, retrouve sa famille. |
Huit personnes ont été placées en détention provisoire à Mananjary, mardi, après le rapt d’une fillette de 4 ans survenu dans la nuit du 6 août à Soafiadanana-Marofinaritra. Dès le signalement de l’enlèvement, la Police nationale a ouvert une enquête. Celle-ci a permis une première avancée le 11 août, avec l’arrestation de deux suspects. Lors de leur interrogatoire, les mis en cause ont révélé l’identité de leurs complices, permettant la poursuite des investigations.
Le 16 août, six autres individus ont été interceptés à Ambalahosy Nord, alors qu’ils tentaient de faire traverser une rivière à l’enfant, au niveau d’Ambatoseza. L’opération, menée par la brigade territoriale d’Antsenavolo, mobilisait dix gendarmes et s’est déroulée en étroite collaboration avec les habitants.
La fillette, retrouvée saine et sauve, a été placée sous protection avant d’être rendue à sa famille. Le 19 août, ses ravisseurs présumés ont été présentés au parquet du tribunal de première instance de Mananjary. À l’issue de leur mise en examen par le juge d’instruction, ils ont été placés en détention provisoire dans l’attente de leur procès.
Croyances superstitieuses et violences ciblées
La compagnie de gendarmerie de Mananjary estime la situation désormais sous contrôle. Les forces de l’ordre renforcent néanmoins la protection des personnes albinos, régulièrement prises pour cibles en raison de croyances superstitieuses. Au début du mois de juin, une femme de 70 ans avait ainsi été attaquée à son domicile, dans le district d’Antsirabe II, par une quinzaine de malfaiteurs non identifiés. Elle avait été décapitée.
Selon les données communiquées, une dizaine d’enfants albinos, âgés de 6 mois à 17 ans, ont été enlevés dans le Sud-Est depuis novembre 2024. Ces agressions, souvent violentes, sont en nette augmentation dans des zones fragilisées par la pauvreté et les crises humanitaires successives.
Face à cette recrudescence, une organisation non gouvernementale appelle les autorités à mettre en place un dispositif pérenne de protection, incluant un système d’alerte rapide et un suivi social renforcé des personnes albinos.
Gustave Mparany