DR DENIS ALEXANDRE LAHINIRIKO - «La diplomatie malgache est aguerrie à la SADC»

Dr Lahiniriko indique que la présidence de la SADC est avant tout une forme de reconnaissance internationale.

Madagascar prend la présidence de la SADC pour un an. Un mandat au prestige certain, mais dont les bénéfices restent surtout diplomatiques, selon l’historien Dr Alexandre Lahiniriko.

Madagascar assure depuis quelques jours la présidence tournante de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) pour une durée d’un an. Une responsabilité régionale qui offre des opportunités certaines, mais dont les retombées demeurent avant tout diplomatiques, selon Denis Alexandre Lahiniriko, docteur en Histoire et enseignant-chercheur à l’Université d’Antananarivo, hier.

« La présidence de la SADC constitue une forme de reconnaissance internationale », explique le chercheur.

Dans un pays où l’image extérieure joue un rôle majeur dans la légitimation du pouvoir, cette visibilité régionale profite directement aux dirigeants, selon toujours cet enseignant-chercheur. « On constate déjà que le pouvoir actuel a transformé cette présidence en une véritable rente politique », ajoute-t-il. Cette posture, selon lui, permet à Madagascar d’apparaître comme un acteur central des débats régionaux et de consolider sa stature diplomatique.

Un impact économique limité

Sur le plan économique, les perspectives sont en revanche beaucoup plus modestes pour la Grande Île. L’historien rappelle que l’économie malgache, encore fragile, peine à soutenir la comparaison avec des poids lourds comme l’Afrique du Sud. « Une ouverture trop large du marché risque de fragiliser nos industries locales, qui ont encore besoin de protection pour rester compétitives »,  souligne-t-il. Madagascar court ainsi le risque d’être davantage exposé qu’avant, sans véritable contrepartie économique. Pour inverser la tendance, Dr Lahiniriko préconise une approche collective.

« La SADC est censée favoriser la libre circulation des biens et des personnes, mais il faut veiller à ce que les plus forts n’écrasent pas les plus faibles », insiste-t-il.

De par ce fait, l’organisation devrait, selon l’historien, mettre en avant les avantages comparatifs de chaque pays afin de construire des échanges plus équilibrés. Madagascar, en tant que président, a de ce fait une carte à jouer pour impulser cette vision et défendre une intégration plus harmonieuse.

Tsilaviny Randriamanga

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne