La proportion d’élèves inscrits en séries scientifiques au baccalauréat poursuit sa baisse. En 2025, seuls 18,7 % des candidats ont choisi ces filières, leur plus faible niveau depuis cinq ans.
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Des candidats au baccalauréat, en cette session 2025. |
La tendance est nette : les séries scientifiques (C, D et S confondues) perdent chaque année des effectifs. Elles représentaient 22,18 % des inscrits en 2021, puis 20,35 % en 2022 et 20,07 % en 2023 et 2024. Cette année, elles tombent à 18,7 %. La série C, autrefois considérée comme l’une des plus exigeantes, est désormais marginale avec seulement 1 500 candidats.
Plusieurs enseignants expliquent ce recul par les faiblesses structurelles de l’enseignement scientifique. « La base des séries scientifiques, c’est la classe de seconde. Or, l’enseignement des sciences y est loin d’être satisfaisant », souligne un professeur de mathématiques d’un lycée public. Le manque d’enseignants spécialisés contraint parfois l’administration à affecter des professeurs de physique-chimie pour assurer des cours de mathématiques dès la classe de troisième.
« On peut maîtriser la pédagogie en tant que sortant d’une École normale supérieure. Mais être scientifique ne signifie pas maîtriser toutes les matières scientifiques à la fois », poursuit ce professeur.
À ces difficultés s’ajoute, selon Rolland Jean Claude Ranaivoarison, enseignant de physique-chimie, une baisse générale du niveau des élèves : « Avec les nouvelles technologies, les élèves deviennent paresseux intellectuellement. Ils n’ont plus de véritable capacité de raisonnement », estime-t-il.
Des pistes pour inverser la tendance
Une source au ministère de l’Éducation nationale indique que l’analyse des causes n’est pas encore finalisée, mais avance une explication supplémentaire : le manque de débouchés pour les diplômés. De nombreux élèves privilégient les séries littéraires ou la série OSE, jugées plus porteuses.
Les conséquences pourraient être lourdes. Le pays risque de faire face à une pénurie de médecins, d’ingénieurs, de chercheurs et de techniciens, alors que les besoins en compétences scientifiques sont déjà importants. Une telle évolution ralentirait l’industrialisation et affecterait la qualité des services de santé.
Face à ce constat, certains établissements adoptent des initiatives pour susciter de nouveau l’intérêt des élèves. « Notre établissement a créé un club scientifique pour inciter les élèves à s’intéresser aux sciences. Nous organisons également des classes vertes et des visites dans des usines et entreprises, afin qu’ils comprennent l’utilité concrète de ce qu’ils apprennent. Depuis, nous avons constaté une hausse des inscriptions », explique Rolland Jean Claude Ranaivoarison.
Le ministère de l’Éducation nationale indique, de son côté, encourager la mise en place d’activités scientifiques dans les établissements afin de redonner de l’attrait à ces filières.
Miangaly Ralitera