Les diffamations de 2025 sont les filles des insultes de 2009. Et c’était dans l’espoir de conjurer un mal futur, c’est-à-dire actuel, qu’en 2002, j’avais plaidé la «supériorité morale». Las, la quête des «Olom-banona» pour garantir cette supériorité morale, de part et d’autre, s’avéra entreprise aussi vaine que la torche de Diogène cherchant l’homme en plein jour. Si les civilisations se savent pouvoir mourir, c’est peut-être que parce ce qui est excessif ne devient pas toujours insignifiant.
C’est «Le Parrain» qui m’a toujours tenu lieu d’encyclopédie pour avoir une idée de la «Cosa Nostra» sicilienne, même émigrée aux États-Unis. Chez ces «hommes d’honneur», quels que puissent être les différends, les haines, les vengeances, il reste un principe sacro-saint : on ne touche pas à la famille. Posture qu’il me semble avoir été confirmée par mes autres lectures des aventures de Mack Bolan, le tireur d’élite parti en croisade contre la Mafia.
Une décadence économique ou la faillite politique demeurent réversibles, mais la ruine morale expose une nation au pire. La frontière peut sembler ténue entre la civilisation et la barbarie, pourtant dégringoler de l’une dans l’autre nécessitera à de nombreuses générations de remonter depuis les abîmes de l’humanité.
Il faut sauvegarder justement les fondamentaux de cette humanité dans notre société malgache dont les symptômes de déliquescence se multiplient. Ne pas toucher à la famille fait partie de ce kit de civilisation : nous ne sommes pas ces jeunes lions qui viennent de chasser le patriarche et qui génocident toute sa progéniture. Instinct animal archaïque qui dramatise davantage la démographie d’une espèce menacée d’extinction. Se refuser à faire de la délation diffamatoire un procédé de relation sociale, relève de cette même démarche de supériorité morale. Se garder de corrompre la certaine idée du «vivre ensemble» et préserver un pénultième scrupule quant au bien commun, complète les «toko telo» de base qui nous préservent de régresser en moyen-âge ou la préhistoire des moeurs.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja